Le 68ème Festival de Cannes s’est ouvert le 13 mai sur la Croisette et ce jusqu’au dimanche 24 mai, jour où la Palme sera dévoilée en présence des plus grandes stars du cinéma international.
2014, une année record pour le cinéma français
Un évènement qui s’inscrit dans un contexte très positif pour le busines cinématographique en France. Le cinéma français vient de connaitre sa seconde meilleure année depuis 1967, après 2011 qui avait vu le film “Intouchables” battre des records d’entrées en salle. En 2014, les cinémas ont accueilli 209 millions de personnes, un chiffre en hausse de près de 8% par rapport à 2013.
Avec des films comme ‘’Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu’’ (12 millions d’entrées), ‘’Supercondriaque’’ (5 millions 300.000 entrées) et ‘’Lucy’’ (5 millions 200.000), le cinéma français a pris 44% des parts de marché contre 30% en 2013.
3 films français ont trusté les trois premières places du box-office de l’année. 20 films français ont dépassé le million de tickets vendus.
La France est le premier marché européen du cinéma devant le Royaume Uni (157 millions d’entrées) et l’Allemagne (122 millions). la France dispose du parc de salles le plus important
et le plus dense avec 5 653 écrans, devant l’Allemagne (4637) et le Royaume Uni (3947).
Une French Touch qui séduit
Alors que les services de streaming sont en train de “tuer” la télévision à petit feu, le cinéma ne semble pas (encore) souffrir de cette nouvelle concurrence. Le cinéma reste une sortie familiale ou entre amis avec laquelle Netflix et consors ne peuvent pas vraiment rivaliser. D’autant plus que les films français sont toujours très plébiscités par les amateurs de comédies “franchouillardes” qui ont toujours fait les beaux jours de la production cinématographique en France : Bourvil, De Funès, Clavier, et aujourd’hui Audrey Lamy, Kev Adams, Kad Merad, Omar Sy, etc… séduisent la jeune génération. Une french touch qui répond aux attentes des spectateurs qui cherchent dans les salles obscurs un moment de détente, rigolade et pause dans leur quotidien parfois morose. 98 comédies ont été projetées en 2014.
Les deux tiers des Français âgés de 6 ans et plus sont allés au moins une fois au cinéma en 2014 soit 39,2 millions d’individus (+4,0 % par rapport à 2013). Les jeunes de moins de 25 ans représentent 31,3 % des spectateurs et les plus de 50 ans 33,1 %. 52,6% des spectateurs sont des femmes. Chaque spectateur s’est rendu en moyenne 5,3 fois au cinéma au cours de l’année. Le public compte 32,2% d’habitués allant au moins une fois par mois au cinéma, réalisant 71,3% des entrées.
Une réglementation favorable à la production cinématographique
La règlementation française protège le cinéma en imposant un délai de 36 mois aux services de streaming pour pouvoir proposer un long-métrage à leur catalogue. Une règle que fustigeait vendredi dernier sur la croisette, Ted Sarandos, le directeur des programmes de Netflix, allant même jusqu’à dire que la règlementation en vigueur affaiblit le cinéma en favorisant le piratage. Un argument valable et qui ne remet pas en cause le côté visionnaire de la startup américaine, mais qui, au vu des chiffres ne pénalise pas tant que cela, pour le moment, ce secteur économique. La concurrence et l’innovation incitant toujours à faire mieux, le septième art prouve ainsi qu’il est encore dans l’air du temps malgré la transformation des modes de consommation fortement encouragée par le streaming.
Une résistance qui au delà de la règlementation avantageuse, profite de l’exception culturelle à la française : le cinéma tricolore est le plus subventionné au monde. Même si depuis quelques années les subventions ont tendance à diminuer, les taxes prélevées sur les grosses productions servent toujours à financer de petits films qui n’auraient jamais vu le jour sans cette redistribution du Centre National Cinématographique et qui trouve un certain public, non adepte des films mainstream.
Un secteur économique pas épargné par la crise
Pour autant le cinéma français souffre tout de même de difficultés : manque de fonds propres du secteur, hausse du coût de certains films, partage des risques non équilibré, concentration des financements et de la diffusion, bipolarisation de la production, difficulté d’exposition des films fragiles.
Des difficultés que le rapport de René Bonnell “Le financement de la production et de la distribution cinématographiques à l’heure du numérique” a étudiées, lui permettant de faire des propositions concrètes pour pérenniser le secteur économique.
- Un partage de risques plus équilibré, fondé sur une transparence accrue (rendus de comptes, audits à rendre plus fréquents) et une maîtrise des coûts de production (présentation modifiée des devis, modulation des financements encadrés en fonction des pratiques) ;
- Le financement de la production : lutte contre la bipolarisation grâce notamment à la réorientation du préfinancement (préachat des chaines de télévision, SOFICA, soutien public) et l’apport de capitaux complémentaires (crowdfunding, modèle alternatif de production intégrant la distribution) ;
- La diffusion des films sur les différents marchés : chronologie des médias, aménagement de la distribution des films de la diversité dans les salles, soutien et contribution accrue de la vidéo à la demande et de l’export dans l’économie des films.
Les bons chiffres 2014 tombent à pic pour relancer le débat.