“Il faut s’expatrier si on en a réellement envie et non par dépit” Catherine Hourdou, expatriée à Tokyo

"Il faut s'expatrier si on en a réellement envie et non par dépit" Catherine Hourdou, expatriée à Tokyo

Catherine Hourdou a quitté Bordeaux, sa ville natale en 2008 pour rejoindre Hong Kong sans but précis, mais elle a rapidement trouvé un poste dans une entreprise en lien avec les expatriés. Elle a ensuite créé sa société de conseil en 2010, puis en 2012, elle a suivi son mari qui a eu une opportunité au Japon, a Tokyo. Ne parlant pas la langue et ayant deux enfants en bas-âge, il était alors compliqué de rentrer dans le monde de l’entreprise japonais. Cette année elle a donc fait le apri de se relancer dans l’entrepreneuriat.

Catherine nous en dit plus sur son parcours et sa vision de l’entrepreneuriat, vu du Japon :

Catherine Hourdou

Quel est votre parcours professionnel ?

Après une maitrise Droit des affaires et un DESS en Droit de l’Urbanisme, de la Construction et de l’Immobilier, j’ai travaillé dans le domaine de l’immobilier et des finances pendant 7 ans en France. Puis à Hong Kong, j’ai travaillé pour une société internationale de relocation. Je m’occupais des nouveaux expatriés à leur arrivée pour les guider dans leur nouvel environnement et leur trouver des logements, l’école des enfants, enfin tout ce dont a besoin une famille lorsqu’elle s’installe dans une nouvelle ville, un nouveau pays. Mais mon envie d’indépendance a commencé et j’ai eu la possibilité de créer ma société de conseil en investissement immobilier sur la France pour les expatriés. Enfin, au Japon, j’ai eu des difficultés à travailler ne parlant pas la langue. J’ai donc décidé de me lancer sur un nouveau projet sur lequel je travaille depuis quelques mois.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet ? Comment démarre-t-il ? Quels sont vos objectifs ?

Mon projet est d’organiser des expositions-ventes de créateurs français de bijoux et accessoires de mode. Je travaille dessus depuis quelques mois car les lois japonaises m’étaient inconnues et il me faut un certain temps pour mettre en place cette activité mais j’espère la commencer avant la fin de l’année. Les Japonais adorent la France et tout ce qui vient de là-bas. Nous avons des talents incroyables qui méritent d’être connus à l’International. Si le concept plait, j’espère l’exporter dans d’autres pays.

Les Japonais adorent la France et tout ce qui vient de là-bas

Pourquoi avez-vous quitté la France ?

En France, a cette époque, j’étais en plein changement professionnel et questionnement sur mon avenir professionnel. J’étais sur le point de déménager de ma jolie ville bordelaise. Et sur un coup de tête, j’ai décidé de partir à l’étranger. Tant qu’à déménager, autant partir plus loin.

Pourquoi Hong Kong ? Qu’est-ce qui vous a attiré ? Qu’y faisiez-vous ?

J’ai décidé de partir à Hong Kong pour 2 raisons : la première est que je suis Eurasienne et je parle anglais et chinois. Il était donc logique pour moi d’aller dans cette ville. La deuxième raison est que, ayant fait des recherches, je me suis aperçue que Hong Kong était une ville ouverte aux étrangers, ce qui s’est avéré très vrai. J’y ai trouvé un travail et me suis intégrée très facilement et rapidement. Il n’y a rien de plus simple que de se lancer et créer sa société à Hong Kong.

Il n’y a rien de plus simple que de se lancer et créer sa société à Hong Kong

Qui a-t-il de plus et de moins au Japon par rapport à la France ?

Concernant le Japon, c’est encore différent de Hong Kong et encore plus de la France. Le Japon est un pays assez mystérieux notamment par sa culture et son peuple. Le temps d’intégration est un peu plus long mais la vie y est extrêmement agréable. Les paysages, les gens, la nourriture et la sécurité sont incroyables, positivement parlant.

En négatif, on peut dénoncer les tremblements de terre assez fréquents mais la structure des bâtiments est construite en fonction.

Que vous manque-t-il de la France ?

Rien ! A part les amis mais heureusement qu’internet existe. Pour le reste, pas de manque en particulier. On trouve pratiquement tout ici et on s’adapte aussi au pays dans lequel on vit. Il est évident que l’on est aussi content de revenir en France une fois par an pour savourer nos bonnes spécialités culinaires.

Pensez-vous qu’une fois qu’on a gouté à l’expatriation il est difficile de revenir en France ?

Malheureusement je crois bien que oui. Je pense qu’il faut effectivement un temps d’adaptation lors d’un retour. Il faut se préparer psychologiquement. Je connais des personnes qui ont mis un certain temps à se réadapter a la vie à la française. Mais certaines d’entre elles étaient très contentes de rentrer en France. Cela dépend de l’objectif que l’on se donne lors d’un départ à l’étranger.

Il faut un temps d’adaptation lors d’un retour en France

Quelle expérience retirez-vous de vos expatriations ?

Que du positif ! La découverte d’un pays ou d’une ville par l’expatriation est une expérience plus qu’enrichissante. On y découvre de nouvelles cultures et permet d’ouvrir l’esprit et d’éviter des a priori qui peuvent exister. J’adore rencontrer de nouvelles personnes et m’intéresser aussi leur mode de vie, ce qui n’est pas si facile avec les Japonais.  On apprend sur nous-même aussi lorsque l’on est loin de notre pays.

Vu de loin, comment percevez-vous la vague de l’entrepreneuriat en France ?

Certains de mes amis se sont lancés dans l’entrepreneuriat en France et ils me parlent de leur difficultés rencontrées et leur questionnement sur l’avenir de leur projet. La France ne pousse encore pas assez ses entrepreneurs à se lancer. La notion de charges/taxes à payer alors que vous n’avez pas encore commencé peut en décourager plus d’un. Je ne sais pas si je me serais lancé si j’avais été en France.

Je ne sais pas si je me serais lancé si j’avais été en France

Quelles était l’ambiance “entrepreneuriale” au Japon ? Est-ce facile pour un expat de créer sa boite ? Et de s’intégrer ?

Au Japon, il n’est pas non plus facile de créer sa boite surtout lorsque l’on est expat. Les lois sont assez protectrices auprès des Japonais. Mais il existe un système qui permet de créer son activité sans aucun risque et sans aucune charge financière demandée par le gouvernement. Cependant, si vous voulez vous développer et donc créer une structure plus importante, il vous sera demandé d’avoir un capital assez important.

S’intégrer au Japon demande un temps un peu plus long mais si vous parlez la langue, ce sera évidemment plus facile. Travailler au Japon est assez différent de la France que ce soit du point de vue du temps de travail, de la façon de manager le personnel, de travailler avec des Japonais. Cela s’apprend sur le terrain et de s’adapter à chaque personne.

Quelques conseils pour un français qui voudrait rejoindre le japon et/ou Hong Kong ?

Allez-y ! Je conseille à toute personne qui se pose la question de se donner tous les moyens pour partir. Même si ce n’est que pour 1 an, l’expérience y est exceptionnelle. Le conseil que je pourrais donner est de faire au mieux pour s’adapter au pays et à la culture afin de vivre l’expérience a 100 %. Et il faut le faire si on en a réellement envie et non par dépit.

Il faut s’expatrier si on en a réellement envie et non par dépit

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