L’entrepreneur qui ne savait pas faire de pause

L'entrepreneur qui ne savait pas faire de pause

Ce week-end était l’un des rares ponts de l’année et avec lui une forte envie de faire une pause, un vrai break, au moins une soirée ou une journée à ne pas travailler (même si la frontière est mince entre le travail et la passion, il est vrai…) et puis la culpabilité de ne pas en faire assez revient en force… Avec elle, l’impression que si on ne fait pas une chose qu’on fait habituellement, notre société va aller droit dans le mur, un peu comme lorsqu’on saute un cours de gym et qu’on s’imagine déjà avec 2kgs en plus ! Évidemment, lorsqu’on fait une pause, il y a peu de chance qu’un client, un lecteur ou un prospect le remarque, sauf si elle dure très longtemps, mais une journée off passe généralement inaperçue. Et puis, on ne gère pas une multinationale cotée en bourse non plus… Il n’y a que notre esprit qui s’en offusque. On a tellement le sentiment que lorsqu’on est à son compte on doit travailler tout le temps, faute de pouvoir développer son CA et trouver des clients, qu’il est très facile de passer ses journées, ses soirées, ses week-ends à ne rien faire d’autre et parfois à ne même pas partir en vacances ou voir ses amis. Le risque au bout du compte est l’épuisement. Qu’il sera d’ailleurs difficile à justifier, puisque comme on fait un travail qu’on adore, ce n’est pas comme prendre les transports, supporter un chef et des collègues, exécuter toutes sortes de tâches inintéressantes et ne pas disposer de son emploi de temps. Alors qu’en tant qu’entrepreneur, qui plus est en travaillant chez soi, on ne peut pas être fatigué, on ne peut pas ne pas avoir le temps et on ne peut pas avoir besoin d’une journée de repos 🙂

Sauf que, il faut le reconnaitre, si on dispose bien de notre emploi du temps, qu’on évite le RER et le métro aux heures de pointe et que personne (ou presque) ne nous donne d’ordre, il n’y a généralement pas de pause dans notre quotidien. On passe de dormir à travailler, de manger à travailler, de xxx (enfants, sport, conjoint, sortie…) à travailler et ce, même les week-ends ou jours fériés. Ces derniers nous sont utiles pour rattraper notre retard ou nous avancer sur les prochains jours. Il ne nous arrive que très rarement de ne rien faire, de regarder un programme TV stupide ou lire un livre, sauf lorsque nous sommes exténués de fatigue, un vendredi soir alors que nous avons refusé une soirée entre amis où il aurait fallu parler pendant des heures, activité qui parfois nous semble insurmontable…

Il est vrai qu’être entrepreneur, c’est travailler quand on veut, du moment que notre travail est fait (pas terminé, car il ne l’est jamais), on peut prévoir autre chose. Sauf qu’une fois qu’on a fini une tâche, on embraye sur autre chose, parce que, si on s’arrête, le chiffre d’affaire aussi, il suffit de voir ce que cela donne en août lors de la pause obligatoire, où peu d’entre nous ne se verse un salaire ce fameux mois off… Certes on peut se reposer un moment, l’esprit tranquille parce qu’on a remporté un contrat, fait un beau chiffre d’affaire, mais on ne peut pas relâcher la pression autant qu’il le faudrait…

Certains y arrivent, ou en tout cas le disent dans les médias ou sur les réseaux sociaux en vantant les mérites des pauses, de longues vacances, de la déconnexion totale, etc… pour revenir encore plus motivés à faire exploser leur boite. Mais tout le monde ne le peut pas, en tout cas rarement quand on débute, ou quand on a une activité qui ne s’arrête jamais, telle que le ecommerce par exemple. Alors on a beau savoir qu’on devrait le faire, on n’y arrive pourtant pas, on culpabilise si on ne fait rien pendant 24h et on jette un œil discret à son smartphone toutes les 10 minutes même sur la plage ou les pistes de ski pour se rassurer. On se fiche alors de savoir qu’il est conseillé de faire des pauses et que c’est ainsi que les autres réussissent, parce que ce n’est pas notre fonctionnement et que le jour où on aura vraiment besoin de faire un break on le fera car notre cerveau n’arrivera tout simplement plus à produire de chouettes idées, ou notre corps nous rappellera qu’on est allé un peu trop loin. Cette fois-ci on ne culpabilisera pas de s’affaler sur notre canapé devant une série US !

Évidemment, pas besoin d’en arriver là… Il faut écouter ses besoins, faire ce qui nous semble le mieux pour nous, faire fi des conseils de ceux qui savent mieux que nous, agir en son âme et conscience, éviter de léser sa famille, de tomber malade ou de se couper du monde. Parce que même si entreprendre cela signifie travailler comme un fou, il faut aussi profiter de la vie !