“Le secteur de l’agro-alimentaire attire beaucoup de rêveurs. C’est tendance de lancer sa marque de boisson !” Caroline Sirch fondatrice de Herbalist

"Le secteur de l'agro-alimentaire attire beaucoup de rêveurs. C'est tendance de lancer sa marque de boisson !" Caroline Sirch fondatrice de Herbalist

Les parcours d’entrepreneurs autodidactes ne sont pas si nombreux que cela en France, malgré la tendance actuelle à affirmer que tout le monde peut créer son entreprise quelque soit le milieu d’où il vient, les études qu’il a fait et son réseau. Créer oui, développer, c’est une autre chose et les inégalités perdurent tellement dans le domaine que lorsqu’on rencontre un entrepreneur qui n’a pas un parcours classique prépa- école de commerce – parisien – moins de 30 ans, on croit de nouveau que tout est possible.

Caroline Sirch, fondatrice de Herbalist, est elle, une véritable autodidacte “j’avais commencé des études de médecine, mais j’ai été déçue, et puis je suis devenue maman très jeune, donc je suis rentrée dans la vie active en bas de l’échelle” explique t-elle. “J’ai appris uniquement par le faire“, pas de formation ou d’apprentissage académique, “j’ai créé mon propre chemin“. De fil en aiguille, Caroline a rejoint le monde de l’agro-alimentaire, un “secteur qui permet de toucher les gens car les produits rentrent dans leur foyer“, en développant l’évènement La semaine du goût dès son lancement en 1992. Quelques années plus tard, elle a la chance de rencontrer Ben Cohen, le cofondateur de Ben & Jerry, et de visiter l’usine de fabrication dans le Vermont aux USA “j’ai alors su que je voulais fabriquer mes propres produits alimentaires, mais comment faire quand on a aucune expérience du secteur ?” se dit-elle alors.

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Caroline décide d’apprendre sur le tas, en partant à la découverte d’usines, en faisant de la veille sur le terrain, en allant à la rencontre des gens pour en apprendre un maximum. Elle se lance alors dans le développement de produits d’épicerie à marque de distributeurs, mais elle se rend compte qu’elle n’est pas là où elle devrait être, “je n’apportais aucune valeur ajoutée au secteur avec mes produits”. Le hasard la met en contact avec un site spécialisé dans la production de boissons, lui proposant de développer des gammes à valeur ajoutée pour les supermarchés “J’ai pu y perfectionner mes connaissances techniques en matière de formulation et réaliser tout le potentiel d’une demande de boissons plus saines et naturelles”. Cet univers, ce sont les boissons, un milieu où elle restera 4 ans “c’est comme si j’étais retournée à l’école, j’ai beaucoup appris et j’ai ainsi pu tracer ma feuille de route pour démarrer ce projet qui germait en moi depuis longtemps“.

Ma rencontre avec Ben Cohen, cofondateur de Ben & Jerry a été un déclic : je voulais lancer ma marque !

Vient alors l’idée de créer une boisson 100% naturelle, sans additif, sans arôme, sans sucre ajouté, sans ni conservateur “si je nourris quelqu’un je ne veux pas l’empoisonner“. S’ensuit une période de grande solitude à la recherche d’investisseurs, de fabricants, d’usines d’embouteillage, qui ne comprennent pas son obsession du produit sain, alors que toutes les grandes marques misent sur de vieilles recettes riches en sucres, en colorants, en produits chimiques “seule la loi peut imposer aux grands groupes de vendre des produits sains…“. On est en 2006, une période où lancer une boisson est tendance, Caroline en profite pour proposer de l’accompagnement à ces futurs entrepreneurs, “beaucoup de rêveurs qui ne connaissaient rien au secteur“, en leur apportant son savoir-faire industriel et sa connaissance du secteur “je connais tout le passé de toutes les marques, leurs échecs comme leurs réussite, leurs ingrédients, leur façon de communiquer et de s’imposer auprès du public“.

Le secteur de l’agro-alimentaire attire beaucoup de rêveurs. C’est tendance de lancer sa marque de boisson !

Caroline fait le choix de miser sur un produit sain “comme s’il était fabriqué à la maison“. Elle achète les matières premières à des traders, comme les feuilles de thé qu’elle teste, touche et sélectionne jusqu’aux variations organoleptiques des plantes. “J’ai réalisé un véritable travail sur la formulation des boissons Herbalist, je me suis même formée à la chimie du thé pour pouvoir fournir de véritables fiches techniques à l’atelier de fabrication“. Un atelier qu’elle garde secret, car déniché après de âpres recherches et négociations. “Nous sommes maitres d’œuvre jusqu’à l’embouteillage de nos boissons, depuis l’ingrédient jusqu’au remplissage“.

Le premier lancement a eu lieu en 2012, six ans après l’idée, beaucoup d’argent et de temps investi, d’éternelles remises en question et une recherche perfectionniste du bon produit final pour le consommateur. Des consommateurs d’ailleurs très fidèles, car certains suivent la marque depuis son lancement ! Les boissons Herbalist sont proposées sous cinq parfums, chez Carrefour, Auchan, Système U qui ont cru à la marque très rapidement. Des ventes qui croissent grâce essentiellement au bouche à oreilles, plus qu’à la publicité – uniquement dans le magazine Happinez. “Les boissons Herbalist sont destinées à des personnes qui aiment les produits bruts” explique Caroline qui a obtenu le label bio pour la marque. Un gage de sérieux auprès des consommateurs.

Il n’y a que depuis ce début d’année que je dors bien, car je suis enfin satisfaite de A à Z des produits que nous avons créés

10 ans après l’idée, Herbalist, c’est aussi 3 personnes permanentes, Caroline, son mari, une ingénieure présente depuis la création et 4 commerciaux sur les routes à l’année. “Nous avons embauché plusieurs séniors, au parcours atypique, avec des expériences entrepreneuriales, des échecs et surtout l’envie de développer l’entreprise avec nous, ils portent le projet et défendent les produits autant que nous“. Quant au chemin parcouru, Caroline affirme qu'”il n’y a que depuis ce début d’année que je dors bien, car je suis enfin satisfaite de A à Z des produits que nous avons créés, depuis les ingrédients au packaging, il est temps de développer la marque pour devenir le leader de notre catégorie !“. Pour en arriver là, il aura fallu s’accrocher, ne jamais rien lâcher, même si la marque a été parfois snobée par les distributeurs, “rester sur ses fondamentaux quoi qu’il arrive, être bien entourée par sa famille et ses proches et surtout avancer pas à pas“. “Une chose après l’autre“, est d’ailleurs devenue sa devise pour faire durer la marque.