“Quand on lance un média, on peut évoluer rapidement grâce au web” Cédric Rablat, fondateur de FootLigue1.fr

"Quand on lance un média, on peut évoluer rapidement grâce au web" Cédric Rablat, fondateur de FootLigue1.fr

Créer un magazine indépendant traitant de la Ligue 1 de Football, c’est un pari risqué que Cédric Rablat a fait il y a un an environ, transformant son blog de passionné de football en un véritable média, FootLigue1.fr.

Après un cursus technologique “je détestais l’école, mais heureusement mes parents m’ont poussé“Cédric s’oriente vers une école de journalisme “j’ai toujours rêvé de faire de la presse sportive depuis l’enfance“. Trois années de formation au cours desquelles il se donne à fond pour rattraper son retard par rapport aux autres étudiants issus de formation littéraire. “Au concours, c’est ma connaissance de l’actualité sportive qui m’a sauvé, mais on m’a bien fait comprendre qu’il allait falloir que je travaille sur le reste“. Mais, ajoute Cédric, “le jeu en valait la chandelle et je me suis rapidement remis à niveau à force de travail“.

Quand on évolue dans sa passion, tout devient naturel, il n’y a plus de contraintes

Son diplôme en poche, Cédric part confiant, car lors de ses études, on n’a cessé de lui dire que “tout le monde aurait un job grâce aux nouveaux médias, au numérique“, mais loin d’être la poule aux œufs d’or tant rêvée des journalistes, le net ébranle la presse qui cherche à se réinventer, et pendant un an, il ne trouve aucun job dans le journalisme. C’est son réseau qui lui permet alors de démarrer sa carrière “le patron des sports régionaux du Parisien, que je connaissais, m’a tendu la main“. “Débuter au Parisien, c’est une chance, mais il a fallu faire mes preuves. Cette expérience m’a permis d’être autonome et de me lancer, grâce aux journalistes qui m’ont aidé, intégré et conseillé“. Mais la gestion financière d’un média est compliquée, surtout en 2008, et Cédric n’y reste que deux ans. Il poursuit alors sa carrière au 10Sport, sur le web et la version papier. Après un licenciement économique, il rejoint la presse automobile “la rédaction cherchait un œil neuf“, où il apprendra tout sur le tas. Lorsque la société est reprise par le groupe M6, il est l’un des trois journalistes à continuer l’aventure sur la chaine pendant encore 2 ans.

Débuter aux sports régionaux pour le Parisien a été une chance énorme

C’est en 2014, qu’il décide de revenir à sa passion, la presse sportive et le football particulièrement. Il crée alors un blog sur lequel il partage des exclus à propos du championnat de France et des clubs de Ligue 1. En 2015, il crée une société autour de son média, avec son père recruteur pour un club anglais en France “mon père est dans le milieu, il a son réseau“. C’est d’ailleurs le réseau de son père qui lui permet de contacter les plus grands “c’est un milieu très fermé, il faut établir une relation de confiance“. Laurent Blanc lui a d’ailleurs déjà accordé deux interviews exclusives, dont une en janvier dernier. Il ne suffit pas d’avoir le contact, il faut créer un lien privilégié avec son interlocuteur et lui donner confiance, être professionnel“. Dans un milieu très concurrentiel, il faut faire la différence sur la qualité du contenu. Un pari que Cédric relève au quotidien, avec une production de plusieurs articles par jour, écrits par lui-même et un stagiaire, recruté grâce à une campagne de crowdfunding menée en décembre 2015, qui a permis de récolter 17 000€ auprès de “la communauté, des gens du milieu et des proches“. Ajoutés aux 30 000€ de mise de départ, Cédric, espère maintenant séduire des investisseurs.

Il ne suffit pas d’avoir le contact, il faut créer un lien privilégié avec son interlocuteur et lui donner confiance

Pour cela il compte sur l’Euro 2016, une compétition pour laquelle il a reçu une accréditation de l’UEFA pour 7 matchs de phase de poule, dans laquelle il pourra assister au match d’ouverture de la France, à celui de la Suède et de l’Allemagne. La ligne éditoriale n’est pas encore peaufinée, car le championnat de France n’est pas terminé, mais quelques pistes sont explorées, notamment la vidéo live que Cédric a testée il y a quelques jours lors de la finale de la Coupe de La Ligue. “Jusqu’à présent, on a misé sur les réseaux sociaux, le bouche à oreilles, aujourd’hui, on passe une étape supérieure avec de la communication, afin de devenir visible et de se faire une place au milieu de tous les magazines sportifs“. “La com’ est indispensable pour un jeune média comme nous. L’auto-communication a ses limites et si on veut avoir de la visibilité, des retombées, il faut passer par une agence de com'”.

L’auto-communication a ses limites pour un média

Quant au business model, dans un secteur en crise, pas facile de tenir la route, mais pour le moment Cédric s’en sort bien avec les espaces publicitaires et les mécènes qui croient au projet. L’angle sera revu après cet Euro 2016. “Aujourd’hui on vise une niche de passionnés et de connaisseurs, qui se fichent du buzz et du sensationnel, comme on le voit dans les autres médias“. Mais le souci c’est que “les articles de fond sont noyés dans la masse“, et la concurrence déloyale ainsi que le vol d’exclus est chose courante dans le milieu de la presse sportive. Même si les joueurs et les responsables établissent de plus en plus un lien de confiance avec lui, à l’image de Laurent Blanc. “C’est aussi très compliqué de faire changer les habitudes des gens en France. On leur divulgue des informations exclusives, mais cela va prendre du temps avant qu’ils ne viennent d’eux-mêmes sur le site“.

Les articles de fond sont noyés dans la masse du buzz et du sensationnel

D’ailleurs le trafic provient à 70% des réseaux sociaux, preuve de la puissance de ces derniers pour les nouveaux médias “jusqu’à présent, on existe essentiellement grâce aux réseaux sociaux“. Mais aujourd’hui, “on doit trouver des angles innovants pour se démarquer et capter une audience volatile“. C’est un “travail de longue haleine pour créer une communauté assez puissante et active pour ramener du trafic, et engager la discussion“. L’Euro 2016 sera un bon test pour l’avenir du magazine, à la fois pour l’audience, la ligne éditoriale que la recherche d’investisseurs “on va bientôt entamer une période très stressante, après laquelle on fera le bilan qu’on espère positif !” Mais dans tous les cas, Cédric n’oublie pas que c’est “un rêve de gosse“, qu’il vit aujourd’hui…