Je n’ai pas écrit depuis un moment, faute de temps, de motivation, de n’avoir rien à dire qui apporte quelque chose à l’écosystème entrepreneurial. Mais voilà, hier après-midi j’étais intervenante pour 100000 Entrepreneurs, comme je le fais régulièrement depuis 2012, dans un lycée privé, plutôt privilégié du 93, pour parler entrepreneuriat, avenir professionnel, réussir sa vie. Une réaction m’a interpellée au cours de l’intervention : des élèves m’ont dit “en France, il n’y a que les élites qui peuvent réussir, nous les autres, on ramasse ce qui reste, comme les gilets jaunes. On n’a pas d’avenir en France, on va partir à l’étranger.” La moitié des élèves avait le projet de quitter la France ! En classe de seconde !
Je trouve cela choquant de tenir ce discours déjà à 15/16ans… Alors qu’il y a tant à faire en France, justement car notre pays ne s’est pas encore relevé de la crise de 2008, contrairement à d’autres pays européens, scandinaves ou américains (même si on peut contester leur chiffres et leur politique bien sûr…) où le taux de chômage a chuté, quand le notre reste bloqué à plus de 9%, ou quand la croissance économique tire tout le monde vers le haut, alors que nous en France nous lamentons encore sur la fermeture des mines.
Selon moi, dans la vie il faut se battre, se bouger, frapper à toutes les portes, échouer, recommencer, aller toujours de l’avant en tirant des leçons de son parcours. Ce n’est pas parce qu’on ne fait pas parti des élites (qu’est ce que les élites d’ailleurs ? Les politiques, les journalistes, les chefs d’entreprises ?…) qu’on doit rester à sa place, à ruminer, à attendre des aides sociales de l’État Providence “parce qu’on y a droit” et à critiquer les autres qui ont plus que nous. Moi personnellement je n’ai jamais pensé ainsi, sauf dans des périodes de déprime, mais j’ai toujours repris le dessus et je me suis toujours dit que si je travaillais dur, je réussirais. A maintenant 42 ans, je pense avoir pas mal réussi à faire tout ce que je voulais, même si je n’ai pas fini et que j’ai encore beaucoup d’autres projets !
Alors voilà, je leur ai raconté mon parcours, depuis mes études de pharmacie, mes jobs étudiants pour payer ma première entreprise, mes échecs à m’entêter dans des projets sans avenir, les personnes qui n’ont jamais cru en moi, les jaloux, les envieux, mais aussi les belles rencontres que j’ai faites, tout ce que j’ai appris par moi-même, les portes que j’ai ouvertes à force de ténacité, sans jamais rien lâcher, bien que je sois une femme, sans mise de départ, divorcée, installée en banlieue. Je n’ai jamais compté mes heures de travail, je n’ai jamais rien lâché quoi qu’il arrive, et j’ai toujours rebondi après chaque coup dur. D’ailleurs je crois que plus on me met de bâtons dans les roues, plus j’avance ^^ Prouver aux autres qu’on peut réussir quand on n’a pas toutes les cartes en mains, c’est aussi un moteur.
Dans ma famille, ma cousine et moi étions les premières à avoir notre bac, à faire des études, et nous avons obtenu toutes les deux un doctorat. Nos frères et sœurs ont suivi, alors que nous aurions pu tous nous contenter d’un BTS (attention je ne méprise pas les BTS, je compare juste les années d’études), car c’était déjà bien pour nous. Mais la France, ce pays que tous les français détestent, nous a donné notre chance de réussir à force de travail et de volonté. Comme cela est possible pour tout le monde et comme beaucoup d’autres pays nous envient.
J’espère hier après-midi leur avoir prouvé qu’en France tout est possible, en leur racontant mon parcours, si on s’en donne les moyens, si on ne se pose pas en permanence dans une position de victime du système. Je pense que oui, car car ils ont terminé en disant “que cela montrait qu’on n’avait pas besoin de faire parti des élites pour faire plein de choses dans sa vie”. Après ils m’ont applaudie 🙂 🙂
J’aimerais tellement que les français changent de regard sur leur pays, leur vie, leur avenir et se disent que tout le monde peut réussir s’il s’en donne les moyens, où qu’on soit, d’où qu’on vienne, quelques soient les obstacles sur notre parcours. Il suffit de changer de regard sur notre pays et voir ce qu’il nous offre plutôt que constamment pointer ce qui ne va pas, ce qu’on n’a pas, ce que les autres ont de plus que nous ou ce qu’on pourrait avoir de mieux ailleurs. L’aigreur et le ressentiment s’emmènent partout avec soi, même à l’autre bout du monde, alors rien ne sert d’aller ailleurs pour se réaliser, alors qu’on a tout pour réussir en France.