L’économie sociale et solidaire représente 10 % du PIB et près de 12 % des emplois privés en France. Ce secteur compte environ 200 000 entreprises et structures et 2,36 millions de salariés (source Ministère de l’économie)
Depuis le 31 juillet 2014, La Loi Économie sociale et solidaire vise à encourager les entreprises du secteur à développer une stratégie de croissance plus robuste, plus riche en emplois, plus durable et plus juste socialement. Cette loi reconnait aussi les sociétés commerciales qui poursuivent un objectif d’utilité sociale, et qui font le choix de s’appliquer à elles-mêmes les principes de l’économie sociale et solidaire.
Une avancée historique dans le secteur de l’économie sociale et solidaire en France, qui reconnait ainsi toutes les initiatives allant dans ce sens et favorise l’innovation sociale.
Le 8 décembre dernier, Carole Delga, secrétaire d’État chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Economie sociale et solidaire (ESS) a lancé trois nouveaux financements, opérés par Bpifrance, en faveur du développement de l’ESS et de l’innovation sociale. Les premiers financements à partir de ces trois nouveaux produits interviendront au premier trimestre 2015.
Les entreprises sociales et solidaires ouvrent des voies nouvelles dans l’économie en produisant, consommant et décidant autrement. Elles privilégient l’intérêt collectif à l’intérêt personnel en créant des emplois durables, en maintenant un faible écart entre les salaires, en respectant l’environnement, en assurant une cohésion sociale. L’homme prime sur les capitaux, le développement de l’entreprise l’emporte sur le versement de dividendes.
L’économie sociale et solidaire est une autre façon d’entreprendre. Elle n’est pas nouvelle car les associations, les fondations, les coopérative existent en France depuis la fin du 18ème siècle. La crise de 2008, ainsi que le refus de l’hypercapitalisme par une partie de la population toujours plus croissante, notamment les générations Y et Z (moins de 35 ans) a fait émerger cette forme d’économie et d’entrepreneuriat sur le devant de la scène ces dernières années.
Les jeunes sont de plus en plus nombreux à vouloir s’investir dans des causes qui leur semblent justes, et ce de façon durable en créant leur propre structure. C’est la cas du projet Ticket For Change initié par Matthieu Dardaillon en septembre dernier qui a permis à 50 jeunes étudiants de sillonner la France pour rencontrer des acteurs du Social Business, découvrir de nouvelles idées et mettre sur papier les premières ébauches de leur projet solidaire.
Aujourd’hui, les jeunes semblent plus enclins à privilégier un job porteur de sens et d’avenir à une rémunération attrayante. L’enthousiasme qui porte le projet ainsi que la reconnaissance des bénéficiaires leur importe plus. Des jeunes qui ont grandi pendant la crise qui les a incité à penser autrement, à regarder de nouveaux horizons et de nouveaux modèles économiques plus proches de l’homme.
Pourtant malgré l’engouement que suscite l’ESS de la part des entrepreneurs et de l’État, l’avenir n’est pas encore rose : combiner le social et la protection de la nature avec une rentabilité économique nécessaire n’est pas chose aisée.
Face à la volonté des étudiants de se lancer dans l’ESS, les écoles de commerce proposent depuis quelques temps des cursus spécialisés, comme L’ESSEC, pionnière avec sa chaire « entrepreneuriat social » et l’incubateur Antropia qui propose une compétition internationale, la Global Social Venture Competition. HEC dispose aussi d’une chaire Social Business Entreprise & Pauvreté ainsi qu’un incubateur social StandUp
La plateforme Makesense, créée par Christian Vanizette, permet aux jeunes de ne pas stopper leur formation aux portes de l’école et propose de se confronter à l’économie sociale et solidaire en accompagnant des projets déposés sur le site, en provenance du monde entier. Makesense a en 2014 créé un accélérateur de d’entrepreneurs sociaux SenseCube.
On peut aussi citer le Social Good Lab, lancé en septembre 2013 par le Comptoir de l’innovation, la plateforme Ouishare, co-fondée par Antonin Leonard, une communauté internationale d’entrepreneurs sociaux, et le plus connu d’entre eux Ashoka qui rassemble 3000 entrepreneurs sociaux dans le monde depuis 30 ans.
L’entrepreneuriat social a de beaux jours devant lui, le secteur n’en n’est qu’à ses débuts et des projets nombreux devraient émerger ces prochaines années. Même s’il ne faut pas oublier qu’un tel projet doit avoir un modèle économique, une équipe motivée et soudée, un optimisme sans faille, une motivation exceptionnelle pour faire bouger les lignes pour ne pas se retrouver à manger des pâtes au beurre tous le soirs pendant 3 ans !
Rencontrer d’autres entrepreneurs sociaux, participer à des concours, aller au devant des grandes entreprises qui financent ces projets, chercher un mentor, reste important pour réussir un projet social et solidaire.
Un projet porteur de sens.