“Sortir de sa zone de confort n’est pas une chose facile. Mais il faut bien analyser ce qu’on entend par confort”

"Sortir de sa zone de confort n’est pas une chose facile. Mais il faut bien analyser ce qu'on entend par confort" Frédéric Lepron

En octobre 2015, j’avais interviewé Frédéric Lepron, qui était parti pendant 18 mois sur les routes du continent africain, à vélo couché à trois roues en solo et en autonomie. Un projet un peu fou pour un sénior, alors que les voyages au long cours sont plus souvent réalisés par des trentenaires, diplômés d’école de commerce, en quête de sens après 5 années de consulting en grande entreprise. Je caricature mais c’est la réalité, tout au moins dans les médias !

Relire l’article ici.

Revenons 5 à 6 ans en arrière…

Quelques mois plus tard, Frédéric était de retour en Europe et en profitait pour partager le récit de ses aventures avec de nombreux amateurs de périple au long cours (sont-ils partis eux aussi ? …). Il avait alors le projet de repartir sur les routes en Asie ou de s’installer en Ouganda. C’est cette option qu’il a choisi, où il vit actuellement. L’occasion pour moi de partager avec vous ce qu’il devient et pourquoi pas, vous donner l’envie de continuer à croire à vos rêves même en cette période compliquée !

Relire l’article de 2017 ici.

En 2017, alors que Frédéric revenait de plusieurs mois passés en solo à travers une quinzaine de pays d’Afrique, il me disait qu’il n’avait pas l’impression d’avoir changé malgré cette expérience extraordinaire, ce qu’il confirme encore aujourd’hui “ce voyage ne m’a pas fondamentalement changé, il m’a permis de poursuivre ma route d’une manière différente. D’avoir une vision du monde et de la manière d’y vivre plus en accord avec ce que je suis“.

L’installation en Ouganda

Par contre s’il y a bien une chose sur laquelle Frédéric a eu du mal en revenant c’est “reprendre une vie « normale » en France“. Il a bien essayé pendant 6 mois, “mais une partie de moi était resté en Afrique et comme je n’aime pas être séparé j’ai décidé de la rejoindre. On se sent mieux une fois que l’on ne fait plus qu’un. Donc c’était un vrai choix de vie à l’instant T et qui correspondait à ce que je souhaitais“. Il a donc fait le choix de s’installer en Ouganda, pays qui l’a attiré par “le climat, la beauté et la variété de ses paysages mais aussi de sa vie sauvage, la facilité d’accès depuis l’Europe, une forme de liberté et aussi et surtout la gentillesse de la population qui pratique au quotidien ce qui est essentiel pour moi et qui se résume par un mot sans doute vieillot mais que j’adore: la bienveillance !

Une nouvelle carrière d’entrepreneur

Alors qu’il avait été journaliste radio, puis père au foyer pendant 20 ans, en s’installant en Ouganda, Frédéric a créé une petite agence de voyage “qui organise des voyages privatifs, entièrement à la carte. Le principe est de construire le périple ensemble en fonction de ses envies, ses centres d’intérêt et son budget“. Mais bien sûr, la crise sanitaire est passée par là et les voyages ont été mis en stand by partout dans le monde. “Depuis la crise tous mes périples ou presque ont été annulés ou reportés“. Mais qu’à cela ne tienne un autre projet est en train de prendre forme “j’essaye de faire face et j’envisage de monter un petit restaurant de rue pour une clientèle locale, Ugandan food with a french touch. Le but étant de ne plus être dépendant du tourisme” explique t’il.

Pour autant, la crise sanitaire semble “correctement gérée malgré le manque de moyens. L’Ouganda comme nombre de pays africains est peu touché par la Covid : environ 400 morts au moment ou je te parle pour 47 millions d’habitants“. Par contre le pays n’est pas épargné par la crise économique qui commence tout juste à sévir malheureusement “les conséquences économiques sont catastrophiques pour une majorité de la population“. Même si les ougandais le “prennent avec philosophie et force, avec le célèbre « ça va aller »” qui les caractérise.

La vie en Ouganda

Si on oublie un peu la pandémie, la vie de Frédéric sur place “se passe doucement, paisiblement, riche d’humanité“. Beaucoup plus simple, plus libre et plus conviviale qu’en France, très éloignée du mode de vie européen “de nombreux expats veulent tous les avantages de la vie exotique sans en accepter les contraintes et je pourrais multiplier les exemples“.

Je loue une simple double room dans un compound (je ne sais pas traduire), je suis entouré de nombreuses familles et beaucoup d’enfants. Je suis l’oncle de tous ! Les toilettes sont à l’extérieur, j’ai une douche mais sans eau, le robinet est dans la cour, jerricanes et bassines font parfaitement l’affaire. Cet inconfort relatif je ne m’en aperçois uniquement que quand j’ai des visiteurs européens et qu’ils me posent la question. Personnellement ça ne me pose aucun problème et j’adore cette vie un peu communautaire mais où la vie privée est extrêmement respectée. C’est aussi l’un des charmes de la vie ici, les gens ne portent jamais de jugement sur vos modes de vie. Mais ce que j’aime ici c’est aussi et surtout la liberté, peu de contraintes mais il faut en accepter le prix. Juste un exemple, pour louer ma maison nul besoin d’un bail de 20 pages, d’une caution, de loyers d’avance ou même d’assurance. C’est très agréable de ne pas être embarrassé de tout ça mais cela veut aussi dire que je peux être mis à la porte du jour au lendemain comme je peux aussi quitter mon logement de la même façon. En cas de vol je n’ai que mes yeux pour pleurer. Mais j’aime vraiment cette liberté et je prends tout ce qui va avec.

Cela vous tente ?

Quels sont les projets d’avenir ?

L’avenir est selon Frédéric une question très européenne ! “La vie ici t’apprend encore plus qu’ailleurs à vivre au jour le jour“. Mais “l’Ouganda est vraiment mon pays de cœur” et il pense y rester un moment, même si “toutes les options sont ouvertes. Depuis mon périple, j’aime cette idée
d’avoir cette totale liberté de changer en très peu de temps, j’ai très peu de biens matériels et rien d’essentiel
“.

Ce pays et cette vie offrent une qualité incomparable, loin de toutes les polémiques stériles qui gangrènent la France en permanence, sur tout et n’importe quoi. “Je n’ai pas envie de rentrer en France. Avant-hier j’étais en brousse dans une petite école, une cabane en bois ouverte à tous les vents, j’essaye de leur apporter mon concours. Mais tout ce que je pourrais leur offrir ne sera jamais comparable a ce que tous ces enfants m’offrent en leçons de vie et sens des réalités“.

Un conseil pour celles et ceux qui veulent tout quitter comme toi ?

Tout quitter, changer de vie, donner du sens à son existence est un phénomène qui traverse l’esprit de tout un chacun à un moment de sa vie. Encore plus aujourd’hui où le confinement, la crise sanitaire et économique ont “permis” de faire un point et de réaliser qu’on a beau avoir tout à portée de mains, cela ne nous rend pas forcément heureux (surtout en France, pays du pessimisme éternel…). Mais avant de changer de vie comme Frédéric, il est important de savoir ce qu’on cherche vraiment. “Il y a plein de façons de le faire mais il y a aussi sans doute le moment de le faire” explique t’il.

Dans mon choix de vie je n’ai engagé que moi, même chose sur le plan financier, seul à 57 ans je n’ai pas les mêmes besoins qu’une famille de 5 enfants. On le dit et c’est une réalité, sortir de sa zone de confort n’est pas une chose facile mais il faut bien analyser ce que l’on entend par confort. Le mien a été, est et le sera toujours : ma liberté“.