“La transition écologique est une opportunité de créer des emplois tout en reconstruisant la planète” Christophe Clergeau, 1er Vice Président de la Région des Pays de la Loire

"La transition écologique est une opportunité de créer des emplois tout en reconstruisant la planète" Christophe Clergeau, 1er Vice Président de la Région des Pays de la Loire

Du 19 au 23 octobre prochain se déroulera la Greenweek Nantes-Pays de la Loire qui entend promouvoir et valoriser des initiatives concrètes en matière d’économie et de croissance vertes.

Des speakers d’envergure nationale et internationale interviendront lors de cette semaine, notamment dans le cadre de K·nopée, événement central de la Greenweek réservé aux professionnels  :

• Jean-Louis Etienne (Septième Continent)
• Bruno Parmentier (Chercheur et Auteur –  http://nourrir-manger.fr/)
• Jean-Marc Borello (Groupe SOS)
• Danielle Fong ( LightSail Energy Headquarter)
• Corinne Lepage (Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique (CRII GEN))
• Philippe Bihouix (Auteur de « l’âge des low tech »,  ingénieur. Spécialiste de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique)

Durant une semaine, Nantes et l’ensemble de la région des Pays de la Loire vivront sous le signe du Green.

Christophe Clergeau, 1er Vice Président de la Région des Pays de la Loire nous en dit plus :

Portrait Christophe Clergeau

D’où est venue l’idée de cet event ? Qu’en attendez-vous ?

Cette idée a germé suite aux Learning expéditions à San Francisco qui ont permis de découvrir de nouvelles façons de faire, de travailler ensemble. Nous avons pensé, avec les chefs d’entreprises du « green » qu’il était possible d’inventer pour nous-mêmes, et par nous-mêmes, un événement unique, d’un genre nouveau, né de notre ADN du jeu collectif. La Greenweek est avant tout le lieu du dialogue de ceux qui portent aujourd’hui, ou qui souhaitent porter demain, des initiatives innovantes pour inventer de nouvelles manières de vivre « green », de produire « green », de travailler « green », de consommer « green ». Pour les collectivités comme la Région et Nantes métropole qui soutiennent cet événement, l’objectif est d’offrir aux acteurs du green un cadre d’échange de bonnes pratiques et de visibilité pour les initiatives innovantes du territoire, afin de susciter de nouveaux projets.

La Greenweek est avant tout le lieu du dialogue de ceux qui portent aujourd’hui, ou qui souhaitent porter demain, des initiatives innovantes pour inventer de nouvelles manières de vivre « green », de produire « green », de travailler « green », de consommer « green »

Quels seront les temps forts ? Pourquoi Nantes ?

K·nopée sera le temps fort de la Greenweek. Les 21 et 22 octobre à Nantes, cet événement sera un point de rencontre et de visibilité propice aux échanges, qui vont permettre de conclure de nouveaux partenariats, de faire naître de nouvelles idées. L’intérêt de K-nopée réside dans son approche décloisonnée : croiser les mondes économique, politique, scientifique, et citoyen pour avoir une vision la plus large possible des enjeux, des défis. C’est, me semble-t-il, la meilleure méthode pour identifier des solutions effectives et duplicables.

Pourquoi Nantes ? La Greenweek se tiendra partout en Pays de la Loire autour d’initiatives locales comme la GreenTech des Herbiers, les smart grids à l’île d’Yeu ou la fondation Océan Vital à aux Sables d’Olonnes. Mais il est vrai que la plupart des événements auront lieu à Nantes, et cela a du sens quand on pense que la ville a reçu les labels Capitale verte de l’Union européenne en 2013 et French Tech, et que la filière Green y est très structurée : The green place to be, Green Lab Center, Novabuild, Green biz, Terra éco etc. témoignent de la longueur d’avance de Nantes sur de nombreuses autres villes françaises.

Quel message voulez-vous faire passer avec cette Greenweek Nantes-Pays de la Loire ?

Nous voulons dire que tout le monde est concerné par le green, pas seulement la start up qui travaille sur les énergies vertes, et que tout le monde peut en être acteur. C’est pour cela d’ailleurs que beaucoup d’événements de la Greenweek s’adressent au grand public. En particulier, je considère qu’il n’y a pas des filières ou des métiers green et d’autres qui ne le seraient pas. Le défi de la transition énergétique concerne tout le monde, ce qui fait que tous les corps de métiers ont vocation à être « green ». Par exemple, l’ouvrier de l’aéronautique qui travaillait hier l’acier et aujourd’hui les matériaux composites, fait un métier vert dans la mesure où l’allègement des carlingues d’avions réduit leur consommation de carburant. C’est aussi le cas du technicien qui fait de la maintenance d’éoliennes ou de l’agriculteur engagé dans une démarche d’agro-écologie. C’est important de passer ce message car cela permet de démystifier et de rendre plus accessible le green business ou le green way of life. C’est dans cette logique que les intervenants et les différents formats présentés lors de cette semaine devront dépasser les défis pour présenter des solutions à au moins 1 des 5 enjeux suivants : biodiversité, toxicité/santé, climat/énergie, équité/justice/sociale et épuisement/préservation/reconstitution des ressources naturelles.

Le défi de la transition énergétique concerne tout le monde, ce qui fait que tous les corps de métiers ont vocation à être « green »

On parle de green revolution, mais où en est-on vraiment en France ?

De nombreuses initiatives ont émergé grâce aux Agendas 21 locaux pour intégrer le développement durable dans les politiques publiques. Aujourd’hui, un grand pas a été fait avec la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte adoptée en août dernier. Elle offre désormais un cadre légal pour signifier que le green ne doit plus être seulement un bonus, une option, mais que c’est une nécessité.

Les collectivités et les Régions en particulier sont en première ligne avec des compétences en matière de mobilité, d’énergie, de développement économique et de formation professionnelle. L’exemple des Énergies marines renouvelables (EMR) en Pays de la Loire est à cet égard saisissant : non seulement notre territoire nous permet de produire de l’énergie en mer avec l’implantation prévue de deux parcs éoliens, mais en plus les acteurs économiques, de la recherche et de la formation, collaborent pour créer ex nihilo une filière industrielle et assurer son ressourcement. Les Régions inventent aussi des dispositifs pour encourager l’économie circulaire, rendre les usines plus respectueuses de l’environnement, ou encore favoriser la rénovation énergétique des habitations et des bâtiments publics.

L’industrie, contrairement à ce qu’on pourrait croire, n’est pas en reste ! Les Pays de la Loire sont en pointe sur l’industrie du futur avec la Jules Verne Manufacturing Valley.

La green economy pourrait-elle être une solution au chômage massif français ? Comment ?

Une part de la solution, oui certainement. Je dis souvent que la transition écologique n’est pas seulement une nécessité, c’est aussi une opportunité : celle de créer des emplois tout en reconstruisant la planète. Comme je le disais tous les métiers sont concernés, et de nouveaux métiers apparaissent pour « verdir » les activités économiques traditionnelles : de l’automobile à l’alimentation en passant par les services à la personne, l’économie française est en train d’engager une profonde mutation pour prendre le virage de la transition écologique. Pour les EMR, ce sont 3000 emplois qui vont être créés dans la région. En septembre, Alstom annonçait 85 recrutements dans sa nouvelle usine de St-Nazaire. STX aussi surfe sur la vague des EMR avec la construction d’une nouvelle usine inaugurée en juillet à St-Nazaire pour accueillir le 1er pôle industriel français dédié aux EMR, et un carnet de commandes déjà bien rempli. C’est la preuve que le green crée des opportunités de marchés concrètes, et déclenche des stratégies de diversification et de différenciation chez les entreprises. Sur le terrain, on voit des grandes sociétés, mais aussi des PME, qui investissent, tant dans la R&D que dans de nouveaux outils productifs.

La transition écologique n’est pas seulement une nécessité, c’est aussi une opportunité : celle de créer des emplois tout en reconstruisant la planète

En quoi le numérique peut-il aider la green economy à s’imposer dans le paysage économique français ?

Le numérique est au cœur de la green economy. Il joue un rôle d’accélérateur dans l’économie du partage et donc l’économie de ressources, comme le montre l’expérience Blablacar pour le covoiturage. D’une manière générale, les nombreuses plateformes numériques ont par définition un impact faible sur l’environnement avec la dématérialisation qu’elles permettent. Je pense par exemple aux économies de papier que permet l’e-administration. La Région Pays de la Loire a par exemple créé, avec la CCI régionale, le portail PME en Pays de la Loire, sur lequel les entreprises mettent en ligne les documents requis pour toutes les demandes d’aides, une bonne fois pour toutes.
Le numérique est aussi étroitement lié aux enjeux d’économies d’énergies, dans une logique de régulation pour éviter le gaspillage. C’est l’objet des smarts grids sur lesquels nous travaillons avec la Bretagne. Il est aussi à l’origine de solutions pour tirer le meilleur parti des énergies renouvelables qui sont le plus souvent intermittentes. Je pense par exemple à la PME Qos Energy que la Région accompagne depuis longtemps et qui propose un logiciel de suivi de la performance pour les producteurs d’énergie. Cette entreprise nantaise a récemment développé une plateforme web pour monitorer les installations d’énergies renouvelables permettant jusque 30% d’économies d’énergie. Preuve de son succès, Qos energy a récemment été choisi par Neoen pour superviser la plus grande centrale solaire photovoltaïque d’Europe, près de Bordeaux.

Les outils numériques permettent aussi à l’industrie d’être plus verte, avec le recours aux robots, aux simulations 3D, à la réalité virtuelle ou encore pour optimiser les flux logistiques comme le propose la société Productys à St-Nazaire, que nous soutenons depuis sa création.

Pour autant, le tout numérique n’est pas sans incidence sur l‘environnement si l’on pense à la consommation d’énergie des data-centers ! Les Pays de la Loire sont aussi en pointe sur le green IT et l’éco-conception des logiciels avec des acteurs structurés comme le Green Lab center qui sensibilisent et accompagnent les entreprises. La Région soutient aussi des projets complètement innovants comme celui consistant à mettre des data-centers dans les galeries souterraines du Saumurois, où la température naturellement fraîche permet un refroidissement naturel des machines et donc d’éviter une climatisation intense et énergivore.

La transition écologique sera donc 2.0 ou ne sera pas !

La Région soutient aussi des projets complètement innovants comme celui consistant à mettre des data-centers dans les galeries souterraines du Saumurois