Le 5 octobre dernier, j’étais invitée à une conférence ayant comme thème “La seconde chance” organisée par FDJ dans le cadre des Lucky Talk, un cycle de conférences proposé dans le programme “Questions(s) de chance”. Un dispositif qui a pour mission de faire prendre conscience du rôle de la chance en tant que facteur de réussite et de “la place de la chance dans la société” a expliqué Stéphane Pallez, PDG de FDJ. Selon elle, “c’est important de croire en la chance dans une société d’avenir“, mais la chance n’est rien sans le projet. C’est ce qu’elle a pu observer en remettant les gains aux gagnants de l’Euromillions depuis 2 ans “le gain est une manière de réaliser un projet, l’argent ne fait pas tout“.
Le gain est une manière de réaliser un projet, l’argent ne fait pas tout
Les invités de cette conférence étaient Thierry Marx, Chef exécutif et Directeur de la Restauration du Mandarin Oriental à Paris, et fondateur de l’école “Cuisine mode d’emploi(s)”, Xavier-Laurent Salvador, Professeur agrégé de lettres modernes, Maitre de conférences HDR à Paris 13 et Michaël Jérémiasz, quadruple médaillé aux Jeux Paralympiques en tennis fauteuil, et fondateur de l’association “Comme les Autres”.
Ce dernier n’a pas hésité à parler de son accident de ski qui l’a paralysé comme d’un “merveilleux malheur“, terme inventé par le psychiatre spécialiste de la résilience, Boris Cyrulnik. Un accident qui lui a fait découvrir le monde du handisport et avoir une carrière de sportif professionnel, qu’il n’aurait certainement pas eu autrement “pour me reconstruire j’ai utilisé le sport et c’est ainsi que j’ai découvert le tennis en fauteuil“. Michaël a commencé ses premiers entrainements professionnels quelques mois seulement après son accident, “5 ans plus tard j’étais numéro 1 mondial“. C’est ensuite à partir de 2011 qu’il a cherché comment inspirer celles et ceux qui ont eu un accident de la vie comme lui. C’est ainsi qu’il a créé avec sa femme et son frère, l’association Comme les Autres, qui propose un accompagnement aux personnes handicapées suite à un accident de la vie dans leur parcours de reconstruction. “On leur ouvre des possibilités et surtout on leur permet d’accéder au bonheur“.
Pour me reconstruire j’ai utilisé le sport et c’est ainsi que j’ai découvert le tennis en fauteuil
Si Xavier-Laurent Salvador a abordé la seconde chance dans le monde universitaire alors qu’aujourd’hui “beaucoup pensent que la formation initiale est un échec en France”, c’est Thierry Marx qui a su captiver un public, constitué de nombreux entrepreneurs, pour qui la seconde chance, voire la troisième ou plus est un combat de chaque instant.
“J’avais un grand-père qui me disait toujours que rien n’est grave à part la mort” a commencé Thierry Marx, lui permettant ainsi tout au long de sa vie de relativiser ses échecs. “Ma première chance a été d’apprendre un cadre éducationnel dans le judo“, car Thierry a eu une scolarité très moyenne, effectuée dans le quartier populaire de Ménilmontant à Paris et au Bois l’Abbé à Champigny sur Marne (94). A la fin de ses études, on lui a proposé d’entrer chez les Compagnons du Devoir où il apprendra le métier de pâtissier et où la devise est “si tu sais ce que tu veux, montre ce que tu vaux“. A 18 ans, alors qu’il est de retour dans son quartier pour venir chercher sa feuille des 3 jours du service militaire, il décide avec ses copains de s’engager dans l’armée, où il sera parachutiste dans l’infanterie de marine. “La chance je n’y crois pas, c’est un leurre, comme l’échec est un leurre“. “Ce qui m’a permis d’avancer c’est qu’à chaque fois j’ai coupé avec mon passé, la chance je l’ai connue, parce que j’ai accepté de couper avec quelque chose” explique t-il. Une théorie qu’il partage aujourd’hui dans son école Cuisine mode d’emploi(s) où ce qui compte avant tout c’est le projet du candidat “la chance est au rendez-vous quand il y a un projet, c’est ce qui anime Cuisine mode d’emploi(s)“. Il faut être sur la voie d’un projet pour y rentrer, se projeter dans 2 ans, et alors là “on ne parle plus de chance, mais d’engagement et de rigueur“. Et comme il a tenu à le préciser “gagner de l’argent n’est pas un projet“, comme “on ne peut pas dire à quelqu’un qui a réussi : tu as eu de la chance“. Ceux qui réussissent ont tout simplement un projet qui les ont fait avancer, se relever et recommencer. “Le projet c’est la seule voie“. Ce qui permet à Cuisine mode d’emploi(s) d’avoir un taux de retour à l’emploi de 92%, un succès qui tient au fait que l’école “donne l’opportunité de se confronter à soi-même et d’acquérir, au delà d’un savoir-faire, un savoir-être“. “On ne gagne pas parce qu’on est le meilleur, mais parce qu’on a décidé de ne plus perdre” a t-il conclu.
On ne peut pas dire à quelqu’un qui a réussi : tu as eu de la chance