“A l’heure d’Airbnb, il est impossible pour un intermédiaire de survivre sans apporter de la valeur” Daniel Rouquette, directeur marketing de Villa Finder à Bali

"A l'heure d'Airbnb, il est impossible pour un intermédiaire de survivre sans apporter de la valeur" Daniel Rouquette, directeur marketing de Villa Finder à Bali

Créer sa boite à Bali, un rêve inaccessible vous-dites-vous ? Et pourtant, c’est le pari qu’a fait Daniel Chambat en créant Villa Finder il y a 3 ans. Le groupe basé à Bali et Singapour, est à l’origine de plusieurs portails de distribution de villas de location en Asie sur Bali, Phuket, Samui et au Sri Lanka à destination des vacanciers venus des quatre coins du monde; Alors qu’Airbnb s’impose sur le marché de la location entre particuliers, Villa Finder a fait le choix de miser sur le service client pour prendre, avec succès, des parts de marché dans la région.

Daniel Rouquette, directeur marketing de Villa Finder, présent depuis l’origine de l’aventure nous en dit plus :

David Chambat Daniel Rouquette

C’est quoi Villa-Finder.com & co ? D’où est venue l’idée ?

Villa-Finder.com, c’est (désormais) le premier réseau de distribution de villas en Asie. L’idée est très simple : il n’a jamais été aussi facile de mettre en relation voyageurs et propriétaires de villas, pour autant cette relation n’est pas toujours facile (barrière de la langue, qualité des maisons et de leur entretien, clients mauvais payeurs, etc.), c’est pourquoi il y a une raison d’être pour un intermédiaire qui apporte une valeur ajoutée des deux côtés. Notre première destination est Bali avec Villa-Bali.com mais nous avons récemment étendu le concept via Villa-Phuket.com, Samui-Villa.com & SriLanka-Villa.com.

Qui se cache derrière, quel est votre parcours ? Comment êtes-vous devenus entrepreneurs à Bali ?

C’est David Chambat qui est à l’origine de la société : c’est lui qui a eu le “Eureka” initiateur. Vivant depuis une dizaine d’années en Asie, il avait toujours du mal à trouver une bonne villa pour ses vacances dans la région. À l’époque, impossible de trouver un site de référence présentant les propriétés de façon non biaisées. Il a donc décidé de le créer et m’a proposé de le rejoindre. Nous avions précédemment travaillé ensemble à Singapour sur d’autres projets.

Comment avez-vous financé le lancement et depuis, le développement ?

Nous avons bootstrapé depuis le premier jour et n’avons fais appel à aucun financement externe. Ce n’est pas forcément facile pour grossir très vite mais ça nous a fait adopter une attitude de “bon père de famille” (comme on dit en Droit français) qui oblige à bien choisir ses priorités.

Nous avons bootstrapé depuis le premier jour et n’avons fais appel à aucun financement externe

Quelle est votre clientèle, comment la séduisez-vous ?

Notre clientèle vient des 4 coins du globe. Beaucoup d’Australiens mais aussi des Européens vivant en Asie (de Dubaï à Tokyo en passant bien sûr par Singapour). Les Français viennent essentiellement en juillet et août. Je pense que ce qui plaît à notre clientèle est le service que nous apportons : à l’heure d’Airbnb, il est impossible pour un intermédiaire de survivre sans apporter de la valeur. C’est ce que nous faisons via 3 points : tout d’abord, nous inspectons et sélectionnons toutes les villas, cela évite les scams et les fausses reviews (qui arrivent même sur Flipkey ou Airbnb). Ensuite, nous avons une équipe qui assiste les voyageurs par email et téléphone 7j/7. Notre équipe parle 7 langues dont le Français. C’est mieux que des échanges voyageurs/propriétaires avec un anglais cassé des 2 côtés. Nous aidons les gens à comprendre la destination et choisir la villa sans les biaiser car un groupe d’amis australiens et une famille française ne recherchent pas du tout la même chose (sur un site comme HomeAway, tous les propriétaires vous diront que leur villa est la meilleure pour vos vacances). Enfin, nous faisons tout ça au même prix que le propriétaire en direct, sans ajouter des frais de réservations (nous sommes donc moins cher que Airbnb par exemple).

A l’heure d’Airbnb, il est impossible pour un intermédiaire de survivre sans apporter de la valeur

Êtes-vous rentables aujourd’hui ?

Oui, nous sommes rentables depuis le 4e mois d’activité !

Comment lancer un business à Singapour ou à Bali pour un entrepreneur français ?

À Singapour, c’est vraiment très simple. L’enregistrement de la société se fait en ligne en mois de 10 minutes. Il y a également beaucoup d’aides du gouvernement. Les infrastructures sont excellentes de manière générale et le pays est très business friendly. On trouve également des talents même s’ils ne sont pas aussi nombreux qu’en France par exemple.

En Indonésie, c’est une toute autre affaire… Il est quasiment impossible de créer une entreprise sans avoir un partenaire local détenant plus de 50% des parts. Au-delà de cette règle, l’administration n’est pas aussi efficace. Il nous a fallu plusieurs mois avant d’avoir une structure légale… Il est également beaucoup plus difficile de recruter (les visas sont difficiles à obtenir par exemple). Enfin, l’infrastructure n’est évidemment pas la même : à Bali, les coupures de courant sont fréquentes. Autre exemple : nous avons également 2 connexions Internet dans nos bureaux de Seminyak car il arrive régulièrement que l’une des deux ne soit pas accessible.

Dans les 2 cas, le fait d’être Français est un plus que ce soit pour les problématiques de visa comme pour le réseau de Français installés dans ces 2 pays.

En Indonésie, il est quasiment impossible de créer une entreprise sans avoir un partenaire local détenant plus de 50% des parts

Quel est le dynamisme de la scène entrepreneuriale à Bali ? Quelles sont les tendances émergentes dans le business ?

À Bali, la scène entrepreneuriale n’est pas très développée. Les conditions que je décrivais plutôt l’expliquent pour beaucoup. Cependant, on trouve une communauté croissante de digital nomads (notamment à Ubud) et quelques entrepreneurs, étrangers en majorité. Il existe également quelques espaces de coworking (le Hubud est le plus connu).

En Indonésie, la grande majorité des startups s’adressent au marché local et sont basés à Jakarta avec des employés essentiellement Indonésiens. Les trends sont e-commerce (TokoBagus désormais olx), marketplace (Tokopedia), logistique (GoJek) notamment.

La vie à Bali fait rêver de nombreux français, qu’en est-il exactement ?

La vie à Bali est très différente. C’est une superbe destination de vacances, c’est moins évident d’y travailler. Encore une fois pour les raisons que j’ai mentionnées auparavant : administration et infrastructures. Le rythme de vie est également plus lent et cela ne conviendra pas à tous. On compte beaucoup moins d’évènements que ce soit sur la scène entrepreneuriale mais aussi culturelle. Bali est une petite île et certains auront l’impression de tourner en rond très vite. Mais l’Indonésie et l’Asie du Sud Est offrent de nombreuses opportunités de voyager même le temps d’un week-end. Pour ce qui est du reste du rêve, il est bien réel : l’été permanent, le dépaysement continu même après plusieurs années, les rizières et la plage à quelques minutes, le coût de la vie…

Ce que je regrette le moins, c’est l’humeur générale de la France : les Français aiment se plaindre, les journaux le reprennent, les politiques en jouent… Bref, cela crée une morosité que l’on voit bien avec un peu de recul et qu’il n’est pas désagréable de quitter.

Bali est une superbe destination de vacances, c’est moins évident d’y travailler

Vu de loin, comment voyez-vous l’engouement entrepreneurial en France ?

Beaucoup plus d’entrepreneurs et de projets en France que ce que l’on peut trouver à Singapour et Bali. Plus de projets ambitieux et innovants. Le bloc européen est aussi plus similaire que ne l’est l’Asie du Sud Est, ce qui facilite une expansion régionale rapide. Je suis de près l’actualité entrepreneuriale française.

Un conseil pour un entrepreneur français qui voudrait s’installer à Bali ?

Le faire 🙂

Quels sont vos prochains projets ?

Nous sommes en train de réfléchir à un nouveau projet pour améliorer l’expérience des voyageurs au moment de leur séjour. Il y a beaucoup à faire pour aider les gens à profiter de leur voyage, comprendre leur environnement, etc.
Mais pour le moment, il y a encore beaucoup à faire pour améliorer l’expérience au moment de la réservation, donc nous nous concentrons essentiellement là-dessus.

Maintenant place au rêve…

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