“Aux États-Unis, on sent qu’il y a une grande créativité pour trouver de nouvelles sources de financement de la presse” Alexis Buisson, Rédacteur en Chef de French Morning

"Aux États-Unis, on sent qu’il y a une grande créativité pour trouver de nouvelles sources de financement de la presse" Alexis Buisson, Rédacteur en Chef de French Morning

Fondé en 2007 par Emmanuel Saint-Martin, journaliste à France 24, French Morning est aujourd’hui devenu LE magazine de référence pour les français installés aux USA qui veulent tout savoir sur les coutumes locales, les spots à ne pas manquer, les bons plans et… rencontrer d’autres français sur New York, LA, Miami, SF et au Texas.

Alexis Buisson, rédacteur en chef de French Morning nous en dit plus :

Alexis Buisson

C’est quoi French Morning ?

French Morning est le webmagazine leader des Français des États-Unis. Il a été fondé par Emmanuel Saint-Martin, journaliste à France 24 et ancien du Point. Nous sommes aujourd’hui une référence dans l’info communautaire. Nous avons lancé des éditions locales à New York, Miami, Los Angeles, Texas et San Francisco, territoires où vivent d’importantes communautés françaises. Nous avons plusieurs dizaines de milliers d’abonnés à nos différentes newsletters gratuites et plusieurs centaines de milliers de visiteurs uniques par mois. Dans chacune de nos villes d’implantation, nous aimons nous considérer comme la « gazette du village francophone » : nous faisons de l’actu communautaire locale, avec un ton décontract’ mais rigoureux. C’est une belle start up journalistique où l’on s’amuse bien. Et je pense qu’on le sent quand on nous lit.

Nous aimons nous considérer comme la « gazette du village francophone »

D’où est venue l’idée de créer ce magazine pour les Français installés aux USA ?

Emmanuel considérait qu’il manquait aux Français de New York (c’est dans cette ville que nous avons commencé) une source d’information de proximité, généraliste, qui répondait à leurs attentes et questions. Il s’est lancé dans French Morning avec quelques stagiaires, un commercial. L’équipe s’est progressivement étoffée. Journaliste, je l’ai rejoint il y a quatre ans pour superviser le contenu. Nous avons fait grossir l’équipe de pigistes, embauché des commerciaux et un journaliste, et lancé une version anglaise, French Morning English, pour nos amis américains francophiles. A New York, où se trouve le siège, nous avons fait et continuons à faire un gros travail de terrain pour nous faire connaitre. Beaucoup de networking, réceptions, évènements, etc…

Et puis, nous avons trouvé notre ton. Notre contenu est devenu de plus en plus adapté aux besoins de nos lecteurs, qui ont apprécié notre style jeune, dynamique, informatif. Quand j’ai commencé à French Morning comme pigiste il y a 8 ans, personne ne nous connaissait. Aujourd’hui, il est rare de rencontrer un Français qui ne nous connait pas ! Nous sommes présents sur Facebook, Twitter bien entendu, mais aussi Google +, Instagram, Vine et la plateforme de streaming Periscope. Nous sommes très actifs sur les réseaux sociaux.

Quand j’ai commencé à French Morning comme pigiste il y a 8 ans, personne ne nous connaissait. Aujourd’hui, il est rare de rencontrer un Français qui ne nous connait pas !

Quel est votre modèle économique que vous avez mis en place ?

Nous sommes financés par la publicité, mais comme beaucoup de médias locaux, nous essayons de diversifier nos sources de revenus. Nous organisons des évènements « off line », notamment un salon de l’éducation bilingue, un marché de Noël annuel et des groupes de conversation, et nous vendons des produits journalistiques à nos lecteurs. Ainsi avons-nous collaboré avec le magazine Le Point sur un numéro spécial New York, et édité un « Guide de l’éducation bilingue », qui traite du bilinguisme sous toutes ses coutures et recense les écoles bilingues franco-anglaises de New York et sa région.

Qui lit French Morning ? Que cherchent les lecteurs en allant sur le site ?

Notre public est varié. Nous nous adressons à la communauté française dans son ensemble. Nos lecteurs viennent sur notre site pour s’informer sur l’actu de la communauté française, les évènements à faire (français ou pas) dans leur ville et obtenir des conseils pour réussir leur expatriation et leur installation aux États-Unis. Sur le dernier mois, pour vous donner une idée, nous avons publié pêle-mêle des articles sur « Ai-je besoin d’un numéro de sécurité sociale aux États-Unis ? », « Célibataire à New York, je rentre en France », l’ouverture d’un restaurant par un descendant de Victor Hugo ou encore un papier sur la venue de Hollande à Times Square. Les lecteurs sont très friands de nos « list-icles » (« les 15 choses qui énervent les Français au resto aux US », « 33 différences entre un Français des US et un Français de France »…) et de notre rubrique « Question bête », dans laquelle nous répondons de façon sérieuse et recherchée à des questions naïves que se posent les expats, comme « Pourquoi les taxis sont-ils jaunes à New York ? » ou « Pourquoi les œufs sont-ils blancs aux US ? »).

Nos lecteurs viennent sur notre site pour s’informer sur l’actu de la communauté française, les évènements à faire dans leur ville et obtenir des conseils pour réussir leur expatriation et leur installation aux États-Unis

Quelle est la philosophie du magazine ?

Une info locale, traitée avec un ton léger, mais avec rigueur.

Où se trouve la rédaction ?

Notre rédaction est à New York, où se trouve également le gros de notre équipe commerciale. Nous travaillons avec des pigistes locaux dans chacune de nos autres éditions (Miami, Texas, Los Angeles, San Francisco). Nous sommes une rédac’ de journalistes professionnels donc nous sélectionnons nos sujets sur des critères purement journalistiques (intérêt du sujet, « newsworthiness », actu…).

Avez-vous déjà envisagé d’ouvrir des antennes ailleurs qu’aux USA ?

Oui, nous pouvons potentiellement ouvrir dans n’importe quelle ville où se trouve une communauté française importante. Ça laisse pas mal de possibilités ! A condition de trouver des annonceurs et une équipe rédactionnelle qui pige notre philosophie.

En France on a coutume de penser qu’un magazine ne peut être rentable, faute de Business Model pérenne, en est-il de même aux USA ?

La crise de la presse frappe les journaux et magazines américains aussi. Gros et petits. Aux États-Unis, on sent qu’il y a une grande créativité pour trouver de nouvelles sources de financement. Certains journaux/sites locaux se lancent par exemple dans les produits dérivés, les services, essaient de monétiser une partie de leur contenu… C’est une époque excitante. Beaucoup de choses bougent dans la presse locale américaine. Les Français devraient regarder de près ce qu’il s’y passe.

Beaucoup de choses bougent dans la presse locale américaine. Les Français devraient regarder de près ce qu’il s’y passe

De New York, comment voyez-vous l’esprit entrepreneurial français ?

A French Morning, nous faisons beaucoup de sujets « tech » sur les startupers français qui viennent s’installer aux US. Nous pourrions en faire chaque semaine. Certaines parviennent à faire d’importantes levées de fonds ici. Il y a de vraies success stories. Mais il y a aussi des échecs. Les Français sous estiment la difficulté de venir s’implanter aux US. Ils n’en comprennent parfois pas les codes et pensent qu’ils seront attendus comme le messie. Je vous renvoie à l’excellent article que notre journaliste Jessica Gourdon a écrit sur le sujet : http://frenchmorning.com/start-ups-13-conseils-reussir-aux-etats-unis/.

Un conseil pour quelqu’un qui souhaiterait lancer un magazine style French Morning ailleurs ?

Ne faites pas de compromis sur le contenu et apprenez à connaitre vos lecteurs et surtout à les écouter. C’est vrai pour n’importe quel canard.

Quels sont vos projets ces prochains mois ?

Nous allons renforcer la version anglaise de French Morning, qui a un fort potentiel, et notre présence « off line » à travers des évènements dans et pour la communauté. Notre marché de Noël, qui rassemble des artisans français, et nos évènements de conversation bilingue Speak Easy, en font partie. Nous voulons également trouver de nouvelles manières de servir nos lecteurs, développer des services, rendre le site plus navigable, personnaliser le contenu. Bref, 2016 sera chargée pour French Morning !

Les Français sous estiment la difficulté de venir s’implanter aux US. Ils n’en comprennent parfois pas les codes et pensent qu’ils seront attendus comme le messie

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