Les Editions Tissot, spécialistes de documentations, formation et conseil en droit du travail, comptabilité et fiscalité pour les professionnels, se sont intéressées à la vision des salariés sur le passage à la quarantaine. Ce sondage a été réalisé sur un échantillon de 1049 salariés.
La « crise de la quarantaine du salarié »
77 % des salariés considèrent que le passage à la quarantaine a un impact sur leur travail.
Pour les salariés interrogés, le changement se manifeste en donnant plus d’importance à la vie privée (35 %), vie privée qu’ils choisissent souvent de ne plus mettre entre parenthèse.
La notion de bien-être au travail devient centrale (30 % des salariés). On se laisse moins facilement envahir par un stress professionnel. Selon le sociologue Ronan Chastellier, il y aurait une nouvelle attention à soi et aux autres à cet âge, une « réévaluation » plus globale de son environnement professionnel, faite de toutes sortes de prises de conscience. On vit une période un peu déstabilisante de questionnement, de remise en question.
56 % des salariés estiment que, 40 ans, c’est un moment décisif pour réussir sa vie professionnelle. « Il y aurait une sorte d’éveil de soi, un tonus existentiel qui déclenche des envies, des projets ». Si 20 % des salariés ont des envies de reconversion, 19 % disent faire moins de compromis et 10 % ont envie de changer d’entreprise. Il y a donc des velléités, une série d’impulsions fougueuses, sorte de « crise d’adolescence » (« crise de la quarantaine ») du salarié, tant celui-ci est dans l’arrachement à un système devenu trop familier et à un besoin d’aventure, note le sociologue.
40 ans, entre peur de l’échec et besoin de créativité
49 % des salariés estiment que l’ennui dans son métier, signe l’échec de sa vie professionnelle. Pour 28 % des français, on a raté sa vie professionnelle si, à 40 ans, on ne voit pas de possibilités d’évolution. On recherche une expérience intensifiée de soi-même, c’est un moment où l’on aurait davantage besoin d’exprimer sa créativité, son énergie selon Ronan Chastellier.
Le fait que les jeunes salariés maitrisent mieux les nouvelles technologies (6 %) ou « être dirigé par un plus jeune » (4 %) ne semble pas un problème, et il n’y a pas cette impression d’être « dépassé » par les jeunes générations. « Même s’il y a un côté esthétique de la crise de la quarantaine quand « faire jeune » devient la norme ».
26 % des salariés disent vouloir se former pour monter en compétence, 24 % ont un besoin de rupture et veulent travailler dans une entreprise qui intègre leurs nouvelles attentes. 18 % estiment qu’un bilan de compétence s’impose. Selon Ronan Chastellier, on se projette plus dans l’avenir. « Psychologiquement, c’est l’âge d’un besoin de réalisation, de changement, d’intensité ».
40 ans, l’âge des considérations et des passions pour le salarié
Au passage de la quarantaine, il y a un souhait de sérénité. On fantasme de ne plus avoir à surveiller son compte bancaire (40 %). 26 % des salariés ne veulent plus stresser pour leur avenir professionnel et 21 % d’entre eux espèrent aussi se sentir définitivement à l’abri du chômage. Puis vient le moment de mettre de la passion dans sa vie comme 20 % des salariés qui fantasment d’avoir plus de temps pour s’adonner à une passion en dehors du travail. 17 % des Français souhaitent vivre leur passion à travers leur métier. On constate aussi que 15 % des salariés seraient prêts à plaquer leur travail pour leur passion. Il y a un besoin d’épanouissement.
Cette donnée personnelle de la quarantaine pousse subjectivement et socialement les salariés vers d’autres choix, des défis lancés à eux même. On est en tout cas plus sensible au jugement social, on développe des complexes si on n’est pas propriétaire de son appartement (13 %), si on ne gagne pas autant que ses proches (11%) pour le sociologue.