Faut-il attendre de vivre un évènement dramatique dans sa vie pour commencer à lâcher prise ? Ou est-ce celui-ci qui nous impose de le faire car notre inconscient n’a plus le courage de tout contrôler, décortiquer, envisager, programmer, etc… Il suffit de regarder autour de nous pour réaliser que bon nombre de personnes “changent de vie” à cette occasion. Un décès, un divorce, une perte d’emploi et c’est une perte de repères tellement foudroyante, qui nous laisse dans un état de sidération si fort que notre personnalité elle-même se modifie, sans le vouloir vraiment, en laissant faire les choses, en ne luttant plus ou en ne s’imposant plus. Parce qu’on n’a pas le courage, l’envie, la volonté, on laisse faire la vie, on la laisse nous imposer sa loi. Cela pourrait être vu comme une forme de dépression, ou du laisser aller, mais non, c’est juste LE moment où on apprend à lâcher prise, vraiment. Alors qu’avant on pensait le faire, mais ce n’était pas cela, ou pas tout à fait, pas pleinement en tout cas.
Et pourtant on aurait tellement voulu y arriver quand tout allait bien, pour se rapprocher de nos valeurs, nos convictions, notre idéal de vie. On pensait y arriver petit à petit, mais à l’aube de ce chaos, on se rend compte qu’on en était loin, très loin… Comme si ce n’était pas quelque chose qu’on décide ou qu’on s’impose “je veux lâcher prise et profiter de la vie, devenir moi, celle que j’ai toujours voulu être”. Non ce n’est pas cela, c’est plus profond et cela ne se programme pas, ce sont les aléas de la vie, plus ou moins dramatiques, qui définissent pour nous ce moment où on va tout lâcher et prendre les choses comme elles viennent. Alors certes, on a souvent beaucoup travaillé avant, il ne faut pas non plus croire que le Prince Charmant ou le job de rêve va nous arriver comme par magie si on reste enfermé chez soi à broyer du noir, ce serait trop facile. Mais il faut juste donner la petite impulsion qui va faire que, si c’est bien ce qui est fait pour nous et pas une injonction à la dernière mode, les choses vont se mettre en place, à leur juste place. Cela peut être très long, mais les prémices se ressentent assez tôt dans le processus, presque immédiatement parfois, comme si des vannes s’ouvraient pour ne jamais se refermer et laisser notre vrai moi s’exprimer sans plus aucune chaîne, car au final, peu nous importe la suite lorsqu’on vit un évènement qui nous secoue avec une telle violence. La vie a toujours de belles choses à offrir si on accepte de s’ouvrir à elle…
Pourquoi cet article ? Parce que je le vis actuellement, j’ai perdu ma maman le 31 mai, et même si après 3 ans de longue maladie comme on dit, on pouvait s’y être préparé, on n’est absolument pas prêt à vire une telle épreuve d’une violence rare qui nous laisse dans un état de choc tel, qu’on a l’impression qu’on ne sera plus jamais la même personne. Le manque évidemment, les choses qu’on aurait aimer lui dire et qu’elle nous dise, la colère qu’elle ait passé ses trois dernières années de vie à faire des aller-retours à l’hôpital plutôt que profiter de sa retraite et de la vie dans le Sud ou parce qu’elle n’avait que 67 ans, alors que tant d’autres de mes amies ont des parents de 80 ans et plus. Ou encore parce qu’elle ne saura jamais ce que mon père, mes sœurs et moi devenons, elle ne connaitra jamais non plus ses petits enfants ou nos projets, qu’elle n’a jamais pu voir mon appartement et que plus jamais je ne pourrais lui parler.
Mais voilà c’est dur, tellement dur, même si cela ne se voit pas en extérieur car je continue à vivre ma vie, à répondre à toutes les sollicitations, mais en moi, quelque chose s’est cassé, je ne saurais dire quoi avec des mots, car je suis tellement triste que je ne réfléchis plus sereinement depuis un mois, mais je sais que de belles choses vont m’arriver car je crois en la vie, et en la théorie “du chaos émergent toujours de belles choses“, dont est tiré le nom de mon magazine, pour ceux qui le suivent depuis longtemps. J’y crois parce que déjà je sens en moi que des bouleversements s’annoncent, sans savoir ce que c’est exactement, si ce n’est que je n’ai plus envie de m’obliger à faire ce dont je n’ai pas envie, juste parce que j’ai dit oui ou que cela peut me servir à quelque chose plus tard dans ma carrière, plus envie non plus de justifier mes choix et mes renoncements, ou de me faire prendre pour la bonne poire de service toujours disponible pour tout le monde et qui ne demande jamais rien en retour. Je suis fatiguée de répéter ce schéma inlassablement, je m’en rends compte seulement maintenant, alors que depuis longtemps je le sentais.
Je sens que des choses vont se mettre en place, comment je ne sais pas, mais ce sera ce qui est bon pour moi, depuis toujours sans que j’y sois arrivée auparavant, car j’étais trop dans le contrôle, chose que je n’arrive plus à faire aujourd’hui, me demandant trop d’efforts alors que je suis si fatiguée après ces semaines entières de stress et tristesse intense. Certes, j’aurais préféré que cela m’arrive avant et ne pas attendre cet évènement dramatique pour y parvenir, mais il y a des choses qu’on ne choisit pas et qu’on doit accepter pour nous faire grandir. Concrètement cela passe par une période de pause “libertaire”, s’il fallait la qualifier : ne faire que ce que j’aime, avec les gens que j’aime, m’éloigner de ce qui est toxique et nuisible à cette période de détachement, ne pas chercher à faire de choix ou mettre en place de projets, ni faire de calculs compliqués pour voir si telle ou telle action me serait utile plus tard. Si quelque chose doit arriver, cela arrivera, je fais confiance à la vie qui saura mettre sur mon chemin les bonnes personnes et opportunités.
J’ai déjà vendu Mikatani, fait mon meilleur chiffre d’affaire en 1 an depuis la reprise de Cool and the Bag, reçu plein de demandes de boutiques pour revendre mes tote bag, pris des contacts pour voir si vraiment je rejoints le monde “merveilleux” de la politique et exposer mes idées pour développer l’entrepreneuriat sur ma ville. Si c’est ce qui est fait pour moi, cela se fera, sans que je me batte pour l’avoir.