On ne vas pas se mentir, entreprendre c’est dur, plus qu’on ne le croit. Les jours sans, on se dit que lorsqu’on regarde en arrière on a eu plus de mauvais moments que de belles choses qui nous sont arrivées. Mais on les a savourées cent fois plus car elles sont tellement peu nombreuses… Et puis on vit pour ça finalement, ce moment où on croit qu’on va signer un contrat qui va sauver notre business, ou une invitation sur un salon international aux frais de la région. Dans ces moments là on oublie que de toutes façons on n’aurait même pas pu se payer le billet d’avion, car cela fait 6 mois qu’on a terminé ses indemnités chômages, et qu’on puise dans ses économies pour manger, payer son loyer et se chauffer (et encore…).
Se payer, c’est tout de même le nerf de la guerre quand on crée sa boite. Parce que même si la course à la réussite matérielle ce n’est pas pour nous, entre s’acheter une Porsche tous les ans et payer ses dépenses quotidiennes il y a un gouffre. Quand on gagne rien, et bien, on ne paye rien. On doit retourner chez ses parents, ou chez des amis, demander le RSA et faire ses courses à l’épicerie solidaire, et ça quand on a 25/30 ans pourquoi pas, mais à 40 ans avec un bac + 5, une carrière en entreprise (ancienne) jalonnée de succès et une famille, c’est beaucoup moins fun.
Ce dont on ne parle jamais aussi, c’est le burn out de l’entrepreneur qui se donne à fond pour réussir pendant des mois, sans compter ses heures, sans prendre de vacances ou de week-end en se disant que cela ne peut que marcher, mais qui finit par s’épuiser à force de trop donner pour rien en retour. On dit que c’est la persévérance qui fait la différence dans une vie d’entrepreneur, mais ne rien gagner pendant un an, deux ans ou plus ne conduit pas au succès, cela épuise nerveusement tout simplement. Ceux qui disent dans les médias et les conférences qu’ils se sont sacrifiés pendant 3 ans, qu’ils ont tout perdu, pour en arriver là où ils sont, ont, soit une force de caractère que peu d’entre nous ont, soit des parents riches qui les ont entretenus tout ce temps ou bien, c’est faux, c’est juste pour le mythe de l’entrepreneur à succès.
Ne pas se payer pendant longtemps, c’est le chemin le plus direct pour l’échec de son projet. On ne peut pas vivre sans argent, c’est impossible, même sans parler de payer son loyer ou ses charges, il faut aussi se faire plaisir de temps en temps en allant au cinéma, en s’offrant un chocolat chaud avec ses amis, ou une paire de chaussures en solde. Certains diront qu’ils peuvent s’en passer sans problème, mais c’est quand même se priver des plaisirs de la vie. Et qu’est ce qu’on fait dans ce cas là ? On arrête tout et on cherche un job, parce qu’on en peut plus de vivre sans rien, de refuser les sorties entre amis, les invitations en week-end, de porter les mêmes bottes depuis 3 ans et de rationner l’eau du robinet.
Est-ce un échec ? Oui d’un certain côté, car on n’a jamais réussi à développer et vivre de son projet, oui encore car on ne persévère peut-être pas assez et parce que quand on met fin à quelque chose par obligation, c’est un échec. Mais d’un côté, c’est une expérience, car au cours de cette période on apprend beaucoup de ses réussites et de ses erreurs, on retrouve peut-être un job bien payé et auquel on n’aurait jamais pu prétendre avant, et puis les épreuves forgent notre caractère, nous apprennent à nous relever, à nous battre et à rebondir vers quelque chose de mieux. Pas tout de suite évidemment, et peut-être même dans très longtemps. Cette période sera dure, très dure, mais quand on regardera en arrière, on se dira qu’au moins on a essayé, on n’aura pas de regret. Et puis qui sait, peut-être qu’un jour on relancera un projet et qu’il sera un succès ! On a toute la vie devant nous pour cela.
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