La sobriété heureuse, est très tendance en ce moment. La faute à la crise, à l’hyperconsommation qui en déçoit plus d’un, l’envie d’autre chose, une quête de sens qui frappe de plus en plus tôt, bien avant la fameuse crise de la quarantaine de nos parents et une obligation pour ceux qui font le choix de changer de vie. Il y en a beaucoup aujourd’hui… Ce terme de sobriété heureuse a été popularisé par Pierre Rabhi, dans son livre Vers la sobriété heureuse, qui raconte ses motivations à vivre de cette façon, en quasi autosuffisance, dans une ferme des Cévennes. Aujourd’hui on en parle comme un mode de vie choisi, Kaizen a d’ailleurs sorti un hors-série, très intéressant sur le sujet en février, et une véritable reconnexion à soi-même, la nature et à la vraie valeur des choses.
Lorsqu’on devient entrepreneur, il y a bien souvent une, deux ou trois années, où il faudra vivre ainsi, appelée aussi pauvreté choisie, car avant de dégager assez d’argent pour se payer, il va se passer un moment… Alors comment faire pour réduire ses dépenses, tout en profitant de la vie et en étant heureux de ses choix quelques soient les aléas du parcours de créateur d’entreprise ?
Dans un premier temps, il faut commencer par évaluer vos dépenses mensuelles incompressibles, telles que loyer, EDF, téléphone, internet, transport, mutuelle, charges de l’immeuble, eau et bien d’autres que vous seul connaissez. Celles-ci doivent être couvertes par vos indemnités Pôle Emploi, votre RSA, les diverses aides de l’État que vous aurez pu obtenir et vos économies. C’est le minimum dont vous ne pourrez vous passer, à moins de retourner vivre chez vos parents, squatter en auberge de jeunesse, chez vos amis ou un(e) ex. Si vous ne disposez d’aucune ressource, en parallèle de votre boite, il faudra au choix, tenter de continuer votre ancien job à temps partiel, faire des missions de consulting dans un domaine que vous maitrisez de façon ponctuelle, postuler pour des extras dans des bars, restaurants, fast-food, hôtels, ou du baby-sitting & aide à domicile. Tous ces petits jobs que vous avez effectués lorsque vous étiez étudiant(e) !
Une fois ces obligations couvertes, il faut bien manger, s’habiller, sortir un peu, peut-être partir en vacances. Et là, il va falloir diminuer drastiquement votre budget. Fini le shopping de vêtements et cosmétiques de grandes marques, le coiffeur, l’esthéticienne, le barbier, le cireur de chaussures (?), le pressing, la femme de ménage, le petit-déjeuner au café du coin, les tournées payées à vos amis le samedi soir au pub, les retours de boite en Uber, … Bref tout ce que vous vous payiez jusqu’à présent sans réfléchir. La bonne nouvelle c’est que c’est un budget facile à couper, car pas très utile, même si vous aviez cette impression. On vit très bien en mangeant des pâtes, en faisant du troc de vêtements, avec un seul rouge à lèvres, en faisant son repassage le dimanche soir, en devenant un(e) assidu(e) de Blablacar, Sharevoisins et Airbnb. Et puis c’est tendance, donc vous serez à la pointe de la mode. Ne plus manger de viande, préparer ses plats, couper le chauffage, marcher plusieurs kilomètres par jour, boire des litres de thé dans votre thermos, tout cela c’est écolo, c’est pour limiter votre empreinte carbone et votre impact sur la planète. Vous verrez que même vos convictions changeront, vous risquez peut-être de voter Nathalie Arthaud ou Nicolas Hulot en 2017, tellement vous aurez réussi à vous convaincre de vos idéaux. Et puis imaginez que si un jour, vous gagnez de nouveau très bien votre vie, vous pourrez en mettre plein de côté, car vous ne dépenserez plus que le strict minimum pour vivre !
Bon, après il ne faut pas non plus rester enfermés chez vous, sans sortir. Surtout que vous n’aurez certainement pas les moyens de payer un coworking pour voir du monde. Il faut donc garder un petit budget pour les achats plaisirs et les sorties, le sport aussi. Car même si vous courrez, c’est gratuit, mais il faut de bonnes baskets. Heureusement on trouve de nombreuses enseignes qui proposent des vêtements pas chers et de bonnes périodes de promotion. Les salles de sport sont low cost, les cinémas ont des cartes d’abonnement, les petits restaurants font des formules à moins de 15€, certains musées ou expositions sont gratuits. Quant aux concerts, vous pouvez vous les faire offrir à votre anniversaire. Les livres, il y a le troc et Amazon, les meubles, il suffit de regarder en bas de votre immeuble, le jour des encombrants pour parfois trouver votre bonheur. Sinon il y a aussi Emmaüs, LebonCoin, etc… Les brocantes de village offrent toujours des pépites. Vous pouvez aussi remplir votre réfrigérateur chez vos parents, après le repas familial du dimanche… Le système D !
Vu de cette façon, cela peut donner l’impression que vous êtes vraiment en galère. Surtout face à vos amis qui ont un job payé 3/4000€ par mois depuis l’obtention du diplôme. Ils ne vous comprendront certainement pas, car l’argent est toujours le symbole d’une vie réussie. Vous aurez beau affirmer que vous préférez votre vie actuelle, à celle d’avant où vous pouviez vous offrir des tonnes de choses inutiles, ils ne vous croiront pas ou ne vous comprendront pas. Mais vous avez votre conscience pour vous, vous savez pourquoi vous le faites et puis la vie c’est comme un cycle économique, la roue tourne, un jour où l’autre vous retomberez sur vos pieds et votre boite marchera, ou vous trouverez un autre job plus sympa qui vous correspondra. Le tout est d’être en accord avec vous-même, de convaincre votre famille que vous avez fait le bon choix, que ces sacrifices ne seront pas vains et que pierre par pierre vous vous construirez une belle vie, différente de celle qui vous aviez imaginée à 18 ans, mais plus épanouissante, plus vraie, plus authentique et plus proche de celui ou celle que vous êtes devenu(e).