“Entreprendre m’a permis de réconcilier mon envie de travailler dans les cosmétiques & pour une cause qui m’est chère” – Joanna H., fondatrice d’Imparfaites

« Entreprendre m’a permis de réconcilier mon envie de travailler dans les cosmétiques & pour une cause qui m’est chère » – Joanna H., fondatrice d’Imparfaites

Le monde de la cosmétique fait rêver beaucoup d’étudiant(e)s lors de leurs études, mais une fois passé le premier stage beaucoup déchantent : concurrence acharnée, politique commerciale agressive, nocivité de nombreux produits… Le secteur est impitoyable, tant il y a d’argent à gagner pour les marques. Si certains font le choix de créer leur propre collection répondant à des critères bio, éthiques, responsables, naturels, d’autres comme Joanna H. font le choix d’informer celles et ceux qui souhaitent se tourner vers des produits plus sains. C’est sur ce principe que Joanna a créé Imparfaites, un site qui donne à ses abonné(e)s des conseils, des tutos, des renseignements, moyennant un abonnement mensuel pour adopter la beauté responsable.

Joanna nous en dit plus :

Joanna-Imparfaites

Joanna, peux-tu nous raconter ton parcours professionnel ? Pourquoi as-tu décidé de devenir entrepreneure ?

A vrai dire, je suis devenue entrepreneure … faute de trouver ma place dans le marché du travail traditionnel !

J’ai obtenu mon master en management interculturel en décembre 2014 et à l’issue de mes études, je me suis posée beaucoup de questions sur moi-même, sur ce que je voulais faire de ma vie professionnelle. J’ai fait de nombreux stages notamment dans le domaine du luxe et des cosmétiques mais je ne me suis jamais sentie à ma place… L’esprit était trop centré sur la compétition et le profit ce qui ne collait pas du tout avec mes valeurs.

Je me suis rendue compte que le monde des grandes entreprises n’était pas fait pour moi et que l’univers des cosmétiques restait un monde très superficiel et centré sur les apparences. Je voulais me rendre utile ; je me souviens j’en parlais à mes parents et je leur disais « les médecins eux au moins ils font quelque chose d’utile, ils sauvent des vies et moi je veux travailler dans les cosmétiques mais c’est inutile ! Je vends juste des pots de crème qui coûtent la peau des fesses… »

Je me suis donc retrouvée face à un dilemme : comment vais-pouvoir allier ma passion pour les cosmétiques et mon envie d’être plus utile dans mon travail, de faire quelque chose de plus profond et de plus en accord avec mes valeurs ?

Faute de solution, j’ai décidé de partir faire un SVE (Service volontaire Européen) en Turquie à Istanbul. Oui,  j’avais un autre rêve, vivre dans cette ville incroyable qu’est Istanbul et le SVE m’a permis de le réaliser et en même temps de pouvoir donner de mon temps aux autres.

Je me suis inscrite dans une association française, Via Pro, qui aide les expatriés à se reconvertir et à trouver leur voie professionnelle en proposant des formations. C’est comme ça que j’ai découvert Solène Pignet, la fondatrice de Creators for Good qui offre des services de consulting pour devenir entrepreneur citoyen. J’avais toujours dans un petit coin de ma tête de créer ma propre entreprise mais je pensais que je devais attendre d’avoir plus d’expérience.

Bien m’entourer m’a permis de me lancer dans l’aventure entrepreneuriale, d’affronter mes peurs et de réconcilier mon envie de travailler dans les cosmétiques tout en travaillant pour une cause qui m’est chère. C’est comme ça que j’ai crée mon entreprise, Imparfaites.

Je me suis rendue compte que le monde des grandes entreprises n’était pas fait pour moi et que l’univers des cosmétiques restait un monde très superficiel et centré sur les apparences

Imparfaites, c’est quoi ? Quelle est ton ambition ?

Imparfaites est une plateforme de formation en ligne qui aide les femmes attentives à leur santé et à l’environnement à adopter la cosmétique responsable.

Mon ambition est de démocratiser la cosmétique éthique (bio, issue du commerce équitable…), casser les préjugés qui ont la peau dure et prouver que l’on peut prendre soin de soi de manière plus naturelle et plus responsable sans se ruiner. En adoptant la cosmétique responsable, nous faisons un geste pour notre santé en évitant de nous tartiner de produits dérivés de la pétrochimie mais aussi nous faisons un geste pour notre planète car les ingrédients utilisés ne sont pas polluants.

A travers Imparfaites, j’aide les femmes qui veulent changer leurs habitudes beauté en troquant leurs produits classiques contre des produits responsables dans leur démarche. Effectivement au début, nous sommes perdues devant toutes les marques qui existent, nous ne savons pas vers lesquelles se tourner, lesquelles sont fiables, lesquelles sont efficaces… La cosmétique responsable c’est également utiliser des produits plus « bruts » comme les huiles végétales ou les hydrolats, bref ce sont des gestes beauté différents de la cosmétique conventionnelle et c’est là que j’interviens.

Pourquoi avoir choisi le nom « Imparfaites » ?

Je voulais trouver un nom facile à retenir et qui interpelle. Je ne voulais pas un nom trop banal ou cucul, qui passe inaperçu. 

On peut penser au premier abord que Imparfaites est un nom péjoratif mais au contraire c’est positif ! Qui est parfait dans ce monde ?

L’industrie cosmétique conventionnelle nous fait croire que la crème miracle existe, elle nous vend la perfection et du coup nous donne des complexes. Voilà pourquoi j’ai baptisé mon entreprise Imparfaites, pour montrer que oui il faut prendre soin de soi mais sans chercher la perfection à tout prix.

Selon moi, le premier geste beauté est de s’accepter telle que l’on est.

Tu es expatriée en Turquie : quels sont les avantages (et inconvénients) que tu trouves à entreprendre depuis Istanbul ?

Istanbul était ma ville de rêve, je suis tombée amoureuse dès que j’y ai mis les pieds pour la première fois : du coup c’est super de pouvoir allier mon job de rêve dans ma ville de rêve !

En plus si un jour je décide de partir, je peux prendre mon travail avec moi. J’ai en effet choisi un modèle qui me permet d’entreprendre en ligne, qui est synonyme de liberté et pouvoir travailler de n’ importe où dans le monde, ça n’a pas de prix !

Pour ce qui est des inconvénients, je dirais que trouver des cosmétiques responsables ici n’est pas chose facile et les taxes étant élevées cela coûte plus cher qu’en France, du coup je dois retourner régulièrement en France pour chercher mes produits. Cependant, ce n’est pas un gros problème pour moi, car de toute façon je rentre régulièrement.

J’ai choisi un modèle qui me permet d’entreprendre en ligne, qui est synonyme de liberté et pouvoir travailler de n’ importe où dans le monde

Quel est le business model que tu as choisi ? Pourquoi n’as-tu pas choisi de vendre des produits directement ?

J’ai choisi comme business model de créer un “membership site” (inspiré des États-Unis où ce modèle est très populaire). Mes membres payeront un petit montant par mois, et auront accès à une plateforme de formation en ligne avec des tutos et astuces, des tests et conseils personnalisés ainsi que des réductions sur des marques partenaires choisies avec soin. Je prévois un beta-test cet été et un lancement “officiel” à la rentrée 2016.

J’ai choisi de ne pas vendre de produits – ni de créer ma propre marque – car il y a déjà de nombreuses solutions qui existent. Je suis partie de la cause du problème : les femmes qui pourraient avoir envie d’adopter la cosmétique responsable connaissent peu ces produits existants, croulent sous les infos contradictoires sur Internet, pensent souvent (à tort) que cela coûte plus cher que les cosmétiques traditionnels… et donc continuent à utiliser des produits mauvais pour leur santé, pour l’environnement, et qui coûtent (en plus!) la peau des fesses (sans mauvais jeu de mots). 

Ce modèle de service permet aux membres de se former mois après mois, car c’est là la clef pour réussir sa transition : ça ne se fait pas en un jour! Et pourtant ça vaux le coup : pour soi, pour la planète, et pour son porte-feuille !

J’ai choisi comme business model de créer un “membership site”, inspiré des États-Unis où ce modèle est très populaire

Quels sont tes 3 conseils pour celles (et ceux !) qui souhaitent adopter la cosmétique responsable ?

  • Mon premier conseil serait de dépasser ses préjugés : non les cosmétiques responsables ne sont pas hors de prix, non ils ne sentent pas mauvais et oui ils sont efficaces.
  • Mon second conseil serait d’acheter d’abord des marques comprenant des labels de confiance comme Cosmébio, Ecocert ou Natrue. Sur mon site internet, vous pouvez télécharger gratuitement une fiche qui résume tous les critères des différents labels, la mettre dans votre sac à main et l’emmener avec vous lors de vos achats ! Vous pouvez aussi apprendre à lire les étiquettes des produits, la fameuse liste INCI ; je donne d’ailleurs plusieurs astuces dans mon article de blog ici.
  • Enfin mon dernier conseil serait de ne pas vous précipiter. J’ai moi même mis plusieurs mois pour changer mes habitudes (on a tout.e.s notre produit favori auquel on est habitué depuis tant d’années), apprendre à connaitre les besoins spécifiques de ma peau, trouver les bons produits, etc. C’est d’ailleurs pour accélérer ce processus (et faire le tri entre la tonne d’info dont regorge Internet) que j’ai créé Imparfaites – sans fausse promesse de rapidité miraculeuse non plus! Pas de prises de têtes, ni de culpabilité, c’est ça aussi l’état d’esprit “slow-cosmétiques” !

Un mot de la fin ?

Je vous invite à visiter mon site internet www.imparfaites.com, mes articles de blog vous donnent plein de conseils pour commencer doucement à changer vos habitudes beauté, et vous pouvez télécharger le fameux guide des labels responsables dont je vous ai parlé plus haut !

 

Crédit photo : Noémie Devaux