“Le milieu artistique ici est très chaleureux avec un esprit d’équipe que je n’ai jamais trouvé en France” Sophie-Héloïse, illustratrice à Youghal en Irlande

"Le milieu artistique ici est très chaleureux avec un esprit d'équipe que je n'ai jamais trouvé en France" Sophie-Héloïse, illustratrice à Youghal en Irlande

Sophie-Héloïse est illustratrice et vient de s’installer dans un petit village du sud irlandais, Youghal, où elle a rejoint son ami. Après quelques mois passés en Irlande, elle y a trouvé l’inspiration, la sérénité et un réseau d’artistes avec qui elle a des projets.

Elle nous en dit plus sur sa nouvelle vie :

sophie-Héloïse

Quel est votre parcours professionnel ?

Je suis “dessinatrice d’univers web”, ce métier est le résultat d’une vie professionnelle pendant laquelle je me suis toujours formée. J’ai travaillé dans l’informatique tout en suivant le cursus d’informatique au CNAM, puis j’ai bifurqué sur les ressources humaines avec une licence en psychologie du travail et un master d’ergonomie (toujours au CNAM). En 2006, je me suis mise à dessiner et je me suis aperçue que je pouvais cumuler mes différentes connaissances en proposant des images/illustrations/BD adaptées au web pour les professionnels et les associations.
J’ai donc validé mes compétences avec un diplôme technique comme dessinateur de bd et illustrateur à l’école Arc-en-ciel Jean Trubert.

Je suis à mon compte depuis 2010. Mon positionnement est d’enrichir l’image et la communication sur le web avec le dessin, à des tarifs très accessibles. Le dessin est un média à la fois intemporel et dans l’air du temps, qui répond très bien au besoin de se différencier dans un paysage web saturé. Réunir des compétences artistiques ET une bonne connaissance de l’entreprise et du travail, ce n’est pas si courant !

Univers Illustration web pour une agence litteraire

Pensez-vous que développer votre activité en Irlande soit plus facile ou plus dur qu’en France ?

Je suis arrivée en Irlande en avril 2015 seulement et avec peu d’anglais. Le challenge était énorme mais j’adore sortir de ma zone de confort ! Développer son activité est très différent ici, surtout que je suis à la campagne. Mon réseau est beaucoup plus local. Je n’en suis qu’au début, mais c’est un bon démarrage. Les gens que je rencontre me semblent moins “blasés” qu’à Paris, il y a beaucoup à faire et moins d’éventuels concurrents.

Les gens que je rencontre me semblent moins “blasés” qu’à Paris, il y a beaucoup à faire et moins d’éventuels concurrents

Comment procédez-vous ?

Je vais me présenter directement aux gens, aux entreprises, aux institutions, et je rencontre le plus possible de professionnels. En parallèle, je propose des cours pour enseigner les bases du web et du dessin, cela me permet de me faire connaître. Mon blog www.lesrevesdalice.com me prend également beaucoup de temps, j’y dispense des conseils pour maîtriser quelques notions artistiques sur le web telles que les couleurs, les illustration etc.
Enfin, je vends des dessins imprimés dans les boutiques de la ville. C’est un travail de communication très agréable de rencontrer tous les commerçants !

Comment êtes-vous accueillie dans le milieu artistique de votre région ?

Le milieu artistique ici est très chaleureux avec un esprit d’équipe que je n’ai jamais trouvé en France. Venant du monde des grandes entreprises très dynamiques (Cegetel et Rld), j’ai été ravie de cet accueil. Les artistes s’associent naturellement les uns les autres pour proposer des travaux communs. C’est un milieu très énergique et très créatif 😉

Le milieu artistique ici est très chaleureux avec un esprit d’équipe que je n’ai jamais trouvé en France

Qu’est ce qui vous a amenée en Irlande ?

J’ai tout simplement rencontré mon conjoint actuel qui est Irlandais. L’ambiance de l’Irlande m’a plu tout de suite : l’esprit positif, entrepreneur et voyageur des irlandais est assez différent de la culture française. Comme je pouvais travailler à distance, je me suis lancée.

Pourquoi Youghal ? Ma maison est dans un village à côté, c’était important pour moi de m’éloigner de l’agitation parisienne pour me concentrer sur mes créations. Je suis aussi beaucoup à Cork où je désire faire évoluer mon réseau. Je prévois de travailler à Midlleton et Dungarvan aussi.

Youghal, Ireland

Que vous manque t-il de la France ?

La facilité de contact sur les réseaux sociaux. Je me rends compte que la communication via LinkedIn, Viadeo, Facebook… est plus naturelle chez les entrepreneurs français. C’est une bonne chose pour moi car cela me permet de continuer à agrandir mon réseau français à distance ! Avec mon blog lesrevesdalice.com, Skype et les réseaux sociaux, les contacts restent fluides.

Qu’est ce que vous aimez beaucoup en Irlande et pas du tout ?

J’adore l’esprit positif des gens tout est “so lovely”! La première réaction à tout type de travaux ou propositions est toujours positive. Ce sont des gens qui aiment dessiner, chanter, jouer la comédie, jouer d’un instrument… de façon décontractée et totalement dédramatisée. Pas besoin d’être la Castafiore pour chanter dans les pubs, c’est normal de débuter et c’est normal d’apprendre. Il n’y a pas la mentalité “science infuse” française avec les réflexions classiques “je ne sais pas dessiner” ou “tu as de la chance de savoir dessiner”. Mon niveau est le fruit de mon travail et si je décide de chanter (et je chante très faux), tout le monde sera ravi !

Il n’y a pas la mentalité “science infuse” française avec les réflexions classiques “je ne sais pas dessiner” ou “tu as de la chance de savoir dessiner”

Comment s’est passé votre “adaptation” au pays, à la communauté ?

Pour l’instant, tout se passe vraiment bien, je suis aidée et soutenue par les irlandais que je rencontre mais aussi par les autres expatriés très nombreux ici.

Comment vit-on aujourd’hui dans un village du sud de l’Irlande ?

Calmement. La vie est simple, pas chère et paisible. C’est un choix de vie d’être là où la vie coûte moins cher, vous avez moins de pression sur le rendement votre activité. Les irlandais de mon âge (37 ans) savourent une vie prospère qu’ils n’ont pas connu jeunes même si depuis 2008, la crise a laissé des marques et réveillé des peurs de perdre leurs acquis.

Ardmore, Ireland

Quel est l’état d’esprit entrepreneurial du pays et de votre région ?

Je ressens un esprit très dynamique, je rencontre beaucoup d’irlandais à leur compte. Pour l’instant, je trouve qu’ils ont un niveau d’études élevé et sont très travailleurs. Il y a encore beaucoup de choses à faire ici et il y a un vrai désir de faire évoluer l’activité économique et touristique du pays.

Il y a encore beaucoup de choses à faire ici et il y a un vrai désir de faire évoluer l’activité économique et touristique du pays

Comment percevez-vous La France depuis l’étranger ?

Je me rends compte que les français travaillent beaucoup, sont aussi très entrepreneurs mais ont plus de difficultés à s’associer les uns aux autres pour trouver et développer des idées. Ils ne savourent pas les avantages de la France et en veulent toujours plus, mais se battent très fort pour faire exister leur business.

Qu’est ce que vous apporte cette expatriation ?

L’apprentissage d’une nouvelle langue et d’une nouvelle culture. Je découvre le démarchage local que je n’ai jamais pratiqué comme ça en France. Par exemple, je travaille avec l’office de tourisme de Youghal et les commerçants qui vendent mes œuvres et bientôt mes livres.

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Pensez-vous rester longtemps ou aller ailleurs, revenir en France, par la suite ? 

Je veux voyager tout en gardant un pied-à-terre ici. Le loyer pour ma maison est de 400 euros par mois et je suis à 1h15 de Paris par avion. Je vais d’ailleurs à Paris tous les mois rencontrer mes clients. Ma vie est vraiment plus simple ici.

Les français ne savourent pas les avantages de la France et en veulent toujours plus

Des conseils pour un français qui voudrait rejoindre l’Irlande ?

Se lancer, tout simplement. En tant que français entrepreneur, on a tendance à foncer un peu niveau prospection et boulot, tout en étant très à cheval sur l’organisation, la to-do-list et la pertinence des résultats obtenus. Ici, c’est plus calme. On travaille beaucoup mais sans stress, et on prend son temps pour rencontrer les gens, pas d’esprit “speed dating” ici! Pour les expatriés en général, je pense que pour intégrer un groupe, il faut prendre le temps de rencontrer et d’observer pour comprendre la culture du groupe.

Irlande côte sud