Aujourd’hui le papillon est blessé. Blessé mais pas mort

Aujourd’hui le papillon est blessé. Blessé mais pas mort

Je ne prends jamais la plume pour parler de moi, mais je pense qu’à travers mes articles, vous avez une idée de mes valeurs, mes pensées, mes motivations, mais surtout de mes révoltes. Elles sont souvent économiques, idéologiques, politiques, mais aujourd’hui après ce deuil national que j’ai tenu à respecter, je suis triste, mais avant tout en colère. En colère quand j’entends notre premier ministre nous dire que nous devrons nous habituer à vivre non plus avec des menaces d’attentat, mais avec les attentats, en colère quand je vois la riposte immédiate des troupes française à Raqqa (même si je ne sais dire si l’engagement de notre pays est une bonne chose ou pas) et des représailles qui pourraient arriver rapidement, en colère quand je vois que Hollande a été exfiltré du stade de France, laissant 80 000 personnes à la merci de terroristes, dont personne ne savait s’il y en avait à l’intérieur (même si après on se dit qu’on a évité le pire), en colère parce que depuis près de 1 an la France est secouée par des attentats, plus ou moins graves, et que cela ne semble pas prêt de s’arrêter. En colère aussi contre les réactions de ceux qui disent “on peut rien faire, en France c’est compliqué”, comme pour l’économie qui ne repart pas, comme pour le chômage qui ne baisse pas, comme si la France avait toujours le droit à des excuses pour ne rien faire, pour se poser en victime et laisser faire la fatalité. Je n’ai pas de solution miracle à proposer, je ne suis pas à la place des décideurs, mais j’ai le droit d’être en colère, avant de rebondir, comme toujours. Parce que moi je n’ai pas été touchée personnellement, une chance que beaucoup n’ont pas eu.

Vous ne partagez peut-être pas mes révoltes, et peut-être ne viendrez-vous plus lire Fractale suite à cette tribune, mais je tenais à partager ceci avec vous. Peut-être que dans 3 mois je ne penserai plus la même chose, car en janvier dernier je n’étais pas dans cet état d’esprit. J’étais moi-même derrière le gouvernement qui avait selon moi bien géré les évènements malgré tout. Et aussi parce que je me disais que moi je ne risquais rien, je n’étais pas une cible, de façon égoïste. Aujourd’hui je ne suis plus d’accord avec cela, alors que 130 citoyens sont morts parce qu’ils s’amusaient et que c’est interdit dans le monde des terroristes, et alors qu’on nous dit “on s’attendait à un évènement d’une telle ampleur, ben voilà il est arrivé”. Comment aller su un plateau TV pour dire cela à un pays meurtri, à des familles qui n’ont toujours pas retrouvé leurs proches, à des milliers de gens qui reverront ces images insoutenables toute leur vie, à cette génération de jeunes qui va devoir vivre dans la peur ? Quand je vois cela je me dis que jamais je ne pourrais “entrer en politique”, bien que j’y croyais fortement à une époque, parce que ma priorité, ce n’est pas ma notoriété, mes acquis et ma fortune, mais bien vous inspirer, vous donner l’envie de vivre votre vie à fond, de ne pas laisser qui que ce soit vous dicter ce que vous devez faire, que ce soit des terroristes, des proches ou la société.

J’ai aujourd’hui envie de faire quelque chose, d’agir, mais je ne sais pas quoi. Aller dans les écoles pour montrer aux jeunes qu’une autre voie est possible que celle-là ? Ok mais ce n’est pas suffisant. Écrire pour faire rêver les gens d’une vie meilleure ? Ok mais tous ne lisent pas Fractale. Envoyer des ondes positives, et espérer que la théorie du battement d’ailes de papillon se réalise ? C’est sur ce principe que j’ai fondé Fractale, mais aujourd’hui le papillon est blessé. Blessé mais pas mort. Parce que finalement peut-être que chacun à notre manière, en continuant à vivre, en cherchant du sens dans chacune de nos actions, en aidant notre prochain avec nos compétences, en agissant selon ses valeurs, avec passion, même les jours sans, et en ne baissant pas les bras devant tout cela, peut-être que finalement c’est ainsi que nous faisons notre part. En tout cas je l’espère et je continuerai ainsi sur cette même voie. Même si c’est peu.

Peggy