“Oui en France, les entrepreneurs sont largement aidés et accompagnés dans leurs projets !” Sandrine Lecointe fondatrice de Madagas’Care Cosmétiques

"Oui en France, les entrepreneurs sont largement aidés et accompagnés dans leurs projets !" Sandrine Lecointe fondatrice de Madagas'Care Cosmétiques

Créer sa propre marque de cosmétiques, à l’image de Caudalie, est un rêve que beaucoup de passionné(e)s de soins cosmétiques caressent, mais le projet est d’envergure pour qui se lance un jour… C’est le pari que Sandrine Lecointe a fait en lançant Madagas’Care Cosmétiques il y a 3 ans, une gamme de soins élaborés à partir de fleurs et de plantes, d’écorces et d’essences issues principalement de l’agriculture biologique malgache. Originaire de Madagascar et issue d’une famille d’entrepreneurs, Sandrine a vécu de nombreuses années sur le continent africain où elle a monté une première entreprise au Congo, et vécu plusieurs expériences de salariée. Mais voilà, après son retour en France, la naissance de son fils et la découverte des bienfaits des soins de Madagas’ Care, l’envie d’entreprendre a été trop forte… Sandrine nous en dit plus sur sa marque et son parcours :

sandrine lecointe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est quoi Madagas’Care ?

MADAGAS’CARE COSMETIQUES propose une gamme de cosmétiques naturels aux plantes provenant de Madagascar exclusivement. Cette gamme est conçue, formulée et fabriquée par un laboratoire en France, et est proposée dans deux conditionnements : voyage/déplacement et salle de bain pour le quotidien. C’est une gamme moderne, inspirée des recettes traditionnelles malgaches. Une gamme simple et sans superflu, mais riche en actifs végétaux aux propriétés incroyables, et efficaces sur toutes les peaux.

Avec notre collection de soins, la peau se sent durablement hydratée, apaisée et confortable tout au long de la journée. C’est une gamme aux textures fondantes, riches et désaltérantes. Aux odeurs qui transportent et font rêver.

Madagas’Care, ce n’est pas une nouvelle gamme de cosmétiques qui vient remplir les rayons des magasins. C’est une marque qui, en plus de fournir des soins innovants avec des actifs performants peu répandus, veut transmettre des valeurs et qui veut être utile : nous aidons à faire connaître des artistes en leur offrant un support d’expression originale, mais surtout nous voulons mettre en avant notre solidarité avec le peuple malgache, en reversant aux associations partenaires une part de notre chiffre d’affaires (5%) pour les aider à préserver leur île et favoriser leur développement : reforestation, projets éducatifs et environnementaux.

D’où est née l’idée ? Pourquoi Madagascar ?

L’idée m’est venue suite à ma grossesse en 2013. Fracture du bassin à 7 mois de grossesse. 9 mois de rééducation pour réapprendre à marcher. Rentrée à Madagascar pour le baptême de mon fils (en pleine forme, lui !) l’été 2014, je me suis faite masser par une femme qui fabriquait elle-même ses onguents et huiles. Au bout d’un mois, j’ai vu les bienfaits. Elle m’a montré comment elle récoltait et transformait ses plantes et écorces.

Je suis revenue de ce voyage avec la ferme intention de faire partager mes découvertes, et je voulais pouvoir faire quelque chose en retour pour mon pays et pour la Nature. J’ai commencé des recherches en cosmétiques et j’ai découvert le manque de transparence dans ce secteur, les dangers présents dans les cosmétiques conventionnels. J’ai ressenti ce besoin d’avoir des produits efficaces, sains, bénéfiques pour la peau comme pour la planète ! Comme je n’ai pas trouvé, alors j’ai créé Madagas’Care Cosmétiques.

Quel a été ton parcours avant d’en arriver à cette création ?

Je suis petite fille d’entrepreneurs et fille d’entrepreneur (expatrié). A 25 ans, j’ai créé ma société d’éveil artistique pour les enfants de 2 à 6 ans au Congo. Puis après plusieurs années passées en tant que salariée en entreprise avec différentes responsabilités administratives et de gestion, en France et en Afrique, j’ai décidé de créer ma propre structure.

En réunissant ma volonté d’entreprendre, ma sensibilité issue de ma culture métissée et mon intérêt pour les produits de soins naturels et les méthodes ancestrales. Assoiffée de connaissances et désireuse de maîtriser parfaitement le sujet, je fais tout pour devenir spécialiste dans mon domaine d’activité.

Après plusieurs années passées en tant que salariée en France et en Afrique, j’ai décidé de créer ma propre structure

Comment fait-on aujourd’hui pour créer une marque de cosmétiques ?

D’abord il faut croire en son projet et en soi. Ensuite il faut de la persévérance et de l’ambition. Malheureusement on trouve de tout sur ce marché, il faut donc savoir se démarquer avant tout ! En ce qui me concerne, j’ai profondément travaillé la démarcation par notre côté artistique, par l’engagement écoresponsable mais surtout ne jamais perdre de vue la qualité première des soins !!

Quelles sont les galères que tu as rencontrées ?

Je n’ai pas assez de place pour tout raconter (rires)… les galères sont nombreuses, tout autant de mauvaises surprises qui peuvent nous pousser à abandonner… Persévérance toujours et encore ! On ne peut hélas pas tout anticiper mais je me dis que sur certaines erreurs on ne m’y reprendra pas une deuxième fois !

Comment as-tu créé les recettes, dénicher les ingrédients, fait faire les formules, tester et certifier les produits ?

Nous sommes partis avec le laboratoire partenaire sur des formules simples. Les actifs que nous avons rajoutés sont issus de producteurs malgaches avec qui nous travaillons. Cette recherche d’ingrédients sourcés à Madagascar n’a pas été simple car différents problèmes se sont rapidement posés (traçabilité, quantité, logistique, situation économique et politique du pays, etc) mais nous nous sommes armés pour faire face à tout cela et conserver du mieux possible la pérennité de la filière.

Coté certification, cela demande un investissement que je n’ai volontairement pas assumé au démarrage pour la simple raison que je préfère voir cet argent reversé directement aux malgaches par le biais de mon association et par le partenariat que j’ai conclu pour la reforestation (1 produit acheté = 1 arbre planté).

Cette recherche d’ingrédients sourcés à Madagascar n’a pas été simple car différents problèmes se sont rapidement posés (traçabilité, quantité, logistique, situation économique et politique du pays)

Comment t-es-tu introduite dans ce milieu qui semble fermé et réservé à de grands groupes ?

Je me dis – peut être à tort- qu’il y a de la place pour tout le monde. Je me fais ma place petit à petit… Un pas après l’autre !

Comment t’assures-tu de la qualité des produits vendus ? Des risques d’allergie ou d’effets secondaires ?

La réglementation européenne est drastique, mais vaut mieux ça que l’inverse ! Mes produits ont étés testés dermatologiquement et ophtalmologiquement et sont passés par toutes les étapes de tests obligatoires pour être validés par l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé) et avoir l’autorisation de mise sur le marché européen.

T’es-tu entourée de scientifiques, de mentors pour le développement de la gamme ?

Oui ! C’est une obligation je dirais ! Après ma formation en cosmétique naturel, j’ai eu le bon réseau pour me faire accompagner par les bonnes personnes en plus de mon laboratoire partenaire : experts toxicologues, en réglementation, cosmétologues, dermatologues, etc) pour valider mes formules, pour les packagings, et pour éviter toutes les allégations !

Coté mentors, j’ai eu la chance de rencontrer une personne : un éminent médecin qui a créé sa marque de soins naturels il y a plus de 20 ans et qui aujourd’hui a revendu sa marque. Cette personne est en quelque sorte un guide à chacune de mes étapes. Je fais partie aussi d’un programme d’accélération de startup qui m’a fourni des mentors avec qui j’ai pu « grandir ». Dans tous les sens du terme !

Où en es-tu dans le développement de ton entreprise actuellement ?

Je travaille à l’ouverture de circuits de distribution (présence sur des salons/événements, référencement et recherche de distributeurs) et développe la notoriété de ma marque notamment ma visibilité sur internet et les réseaux sociaux. La réalité ne colle pas forcément avec ce que l’on imagine en amont, c’est pourquoi il faut s’en cesse s’adapter.

La réalité ne colle pas forcément avec ce que l’on imagine en amont, c’est pourquoi il faut s’en cesse s’adapter

Comment as-tu financé la marque ?

J’ai financé ma société avec 70% de fonds propres, 10% de love money et 20% de prêts bancaire + aide régionales.

Quand penses-tu devenir rentable, te payer embaucher, etc… ?

Ouh laàààà !! Ça, c’est la question qui fait rêver 🙂 Mais je reste réaliste et mon objectif est d’arriver à un équilibre d’ici 2 ans.

Quels sont tes axes de communication et marketing pour faire connaitre Madagas’Care ?

Quand on est une jeune startup, il est difficile d’élaborer des stratégies comme les grands groupes ! Aujourd’hui je suis présente sur internet, sur les réseaux sociaux. La prochaine étape est la distribution dans les boutiques. L’international a vite frappé à ma porte également et je me suis concentrée dessus ces 3 derniers mois. Alors je lance un appel aux lecteurs de Fractale : si vous connaissez des RP beauté à tarif startup, alors contactez-moi 🙂

Penses-tu qu’en France, les entrepreneurs soient assez accompagnés dans leurs projets ? Que faudrait-il pour améliorer la pérennité des startups selon toi ?

Oui en France, les entrepreneurs sont largement aidés et accompagnés dans leurs projets ! J’ai l’impression que créer sa boite est devenu tendance et que de plus en plus de personnes se jettent à l’eau. C’est formidable, mais il ne faut jamais le faire seul dans son salon. Je suis passé par 4 accompagnements pour créer ma structure et ne compte pas en rester là. Il faut abuser de ces aides car en plus d’être de vrais booster, ça nous fait rencontrer du monde. Et le réseau, quand on crée, est primordial !

Une chose qui me vient à l’esprit pour améliorer la pérennité des startups est l’amélioration des critères d’octroi de prêt ou de crédit, qu’ils ne soient pas alignés sur ceux des banques.

J’ai l’impression que créer sa boite est devenu tendance et que de plus en plus de personnes se jettent à l’eau

Est-ce plus difficile pour une femme de faire grandir son entreprise ?

Je ne sais pas ! Je n’en suis pas encore à ce stade ! Bientôt 😉 Pour l’instant en tout cas, je ne sens pas trop cette difficulté si ce n’est que la solitude est dure au quotidien. Vivement que je trouve mon associé 😉

Qu’est-ce que cette expérience d’entrepreneuriat t’a appris sur toi ? Serais-tu prête à redevenir salariée aujourd’hui s’il le fallait ?

Non. Mais soyons honnête : si ma famille est en péril, alors oui… Malheureusement on n’a pas le choix. La vraie question est : Est-ce qu’un employeur voudra bien embaucher une « addict mompreuneur » ?

Quels sont tes projets cette année ?

Faire connaitre le plus largement Madagas’Care Cosmétiques ! Faire adopter la cosmétique naturelle aux non-initiés ! J’espère aussi aboutir à la construction de notre école à Madagascar car un second volet des actions de Madagas’Care est de reverser un pourcentage à l’association « Sous le Même Ciel » qui œuvre pour l’environnement et l’éducation à Madagascar (entre autres).

Un conseil pour un entrepreneur qui se lancerait dans la création d’une marque de cosmétiques comme toi aujourd’hui ?

Persévère. Toujours ! L’entreprenariat c’est une belle aventure qui vaut la peine d’être vécue. Humaine et bienveillante. Émotions garanties ! C’est le grand 8 tous les jours ;p