Comment réveiller l’enfant qui sommeille en nous ?

Comment réveiller l’enfant qui sommeille en nous ?

Au fur et à mesure des années, cette question n’a cessé de m’habiter. Consciente du temps qui passe, sans nécessairement en éprouver de la nostalgie, je me suis souvent demandée quelle part d’enfant subsistait en nous à l’âge adulte. Qu’avons-nous réussi à préserver de cet âge ? À première vue, pas grand chose lorsque l’on voit à quel point nous sommes devenu experts dans le maniement de la langue de bois, avons perdu notre capacité à nous émerveiller et à profiter du temps présent sans penser à demain.

Mes souvenirs d’enfant sont visuels, olfactifs, tactiles, sonores. Je garde en mémoire l’odeur des madeleines au citron, des pommes au four et des sous-bois lorsque j’allais ramasser des cèpes en compagnie de mon père.  La cuisine a embaumé mon enfance et fait partie de mes souvenirs les plus intenses. Lorsque je suis à l’étranger, il n y a rien qui me manque plus que ces odeurs associées à de tendres moments. Je me souviens très bien d’un jour où j’ai humé le parfum de ma mère (L’Eau d’Hadrien) dans les allées d’un aéroport bondé. J’ai immédiatement eu l’impression de ressentir sa présence. Il m’arrive aussi parfois de ressentir la présence de mon grand-père lorsque je vois une personne de son âge porter les mêmes chaussures orthopédiques ou le même horrible ciré qu’il avait l’habitude de revêtir. Drôle de sensation !

Pourquoi n’arrivons-nous pas à voir les choses et les gens comme nous avions l’habitude de les voir lorsque nous étions enfant ? Pourquoi prenons-nous un malin plaisir à tout compliquer et parfois à tout ternir ? Comment réveiller l’enfant qui sommeille en nous ?

Et si nous commencions par écarter la peur de nos vies, de celle qui nous paralyse et nous empêche de faire une multitude de choses au quotidien. Oublions le résultat et concentrons-nous uniquement sur le plaisir de faire. Rappelez-vous, lorsque l’on tombait de vélo, on se relevait immédiatement et on remontait illico dessus même si nous avions le genou égratigné.

Je suis épatée de voir à quel point, en grandissant, on a perdu le goût du jeu. Enfant, on jouait pour s’amuser, pour se découvrir, partager des moments entre amis. Arrivé à l’âge adulte, pour beaucoup d’entre nous (ceux qui ne sont pas des gamers), nous avons tout bonnement cessé de jouer. Être adulte reviendrait-il à ne pas sourire, ne pas pleurer, ne pas montrer ses émotions ? Je ne peux le croire ni l’accepter d’ailleurs.

En replaçant la notion de plaisir et de jeu au cœur de nos métiers et de nos vies, nous pourrions sans nul doute, déplacer des montagnes comme lorsque nous étions enfant ! Jouer n’est pas synonyme de régresser, cela nous permet bien au contraire de développer notre imaginaire et notre créativité.  Et en tant qu’entrepreneur, nous avons plus que jamais besoin de développer notre créativité, notre ouverture d’esprit, notre curiosité pour réinventer ensemble, le champ des possibles.

J’aime me rappeler cette citation de Saint-Exupéry : « L’enfance, ce grand territoire d’où chacun est sorti. D’où suis-je? Je suis de mon enfance. Je suis de mon enfance comme d’un pays. »